Description

[Extrait]
Trieste est une ville transfrontalière en raison de sa position géographique, de sa destinée politique, de son climat culturel. Située à la frontière nord-est de l’Italie, Trieste est depuis toujours un pont entre l’Europe occidentale et l’Europe centrale et orientale. Puisqu’elle est baignée par la mer adriatique, elle a maintenu un rapport important avec l’ensemble de l’aire méditerranéenne, balkanique, du Machrek et du Maghreb. L’histoire a fait de Trieste une ville latine, avant de la faire devenir autrichienne et enfin italienne. Différentes communautés y cohabitent, dans un voisinage qui, s’il n’a pas toujours été facile, est de nos jours collaboratif et pacifique. Déjà Chateaubriand avait fait de Trieste une ville frontière ou, comme il écrivait, « le dernier souffle de l’Italie » avant d’entrer dans un monde que l’écrivain français, en partance pour l’Orient, qualifiait de « barbare ». Une idée semblable de frontière indépassable est développée par Paul Morand qui, en 1971, consacre de très belles pages de Venises à la ville qu’il va élire comme sa dernière demeure. En plein milieu de Guerre froide, Trieste devient le bastion de l’Europe occidentale contre l’empire soviétique. Ville frontière donc entre l’Est et l’Ouest, l’Orient et l’Occident, la vie et la mort. Mais ville dont la frontière est à dépasser et dont les alentours vivent dans un rapport de continuité – diversité avec le centre. Trieste n’était qu’un port, sous la plume de Carlo Goldoni qui, dans ses Mémoires, originairement écrits en français, avant de devenir la ville culturelle où la Mitteleuropa se termine et s’exalte. La complexité de Trieste était d’ailleurs déjà présente dans les belles pages que Charles Yriarte lui consacre au cours des années 1870. Le voyageur français, assez aimé et lu par Jules Verne, décrit un paysage pittoresque, mais foncièrement mélangé : une ville allemande pour son administration, mais italienne pour son « charme » ; « utilitaire » pour sa vie commerciale, mais douée d’une « grâce accomplie » pour son paysage humain animé ; « orientale dans le choix des couleurs » et nouvellement italienne pour « l’excès » qui la caractérise. Si Trieste est donc un microcosme, de même que l’a défini Claudio Magris, à savoir une image réduite du monde et de la société, le passage du transfrontalier au transculturel nous semble automatique. De fait, les Triestins ont répondu à la cohabitation de façon différente au cours des siècles, mais l’habitude à se confronter avec autrui a fait de Trieste un centre où les diversités culturelles sont mises en valeur et sont analysées avec respect et intérêt. Ce milieu pluriculturel constitue, depuis toujours, un berceau d’études qui, faute de toujours appartenir institutionnellement à ce que l’on définit en Italie comme les « letterature comparate », développe une perspective critique similaire à l’approche de cette discipline.

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Trieste (Italie)
Goldoni, Carlo (1707-1793)

Au total, Carlo Goldoni a écrit en 20 ans plus de 200 pièces d’importances diverses et dans différents genres : tragédies, intermèdes, drames, livrets d’opéra ou saynètes de carnaval ; ses comédies, écrites après 1744, assurent sa célébrité.
Carlo Goldoni a transformé la comédie italienne par ses productions plus que par ses écrits théoriques (Il teatro comico, 1750). Il a su garder le dynamisme de la commedia dell'arte et le jeu des masques en les associant à la comédie d’intrigue et en recherchant un certain réalisme dans la représentation des comportements. En Italie, il s'était heurté aux choix esthétiques de ses confrères, s'étant fait moquer par le dramaturge traditionaliste Carlo Gozzi, qui condamnait son réalisme dangereux, et critiqué par les partisans du théâtre baroque comme Chiari avec son théâtre bouffon et poétique. Ces oppositions et la désaffection du public le conduisirent à l’exil en France.
Il se proclamait admirateur de Molière, tout en reconnaissant ne pouvoir égaler son génie. Il s’en différencie cependant par la légèreté des thèmes et par l’absence de pessimisme. Son œuvre est en effet marquée par sa confiance dans l’homme et son approche humaniste défend les valeurs de l’honnêteté, de l’honneur, de la civilité et de la rationalité. À l'image de Molière, il essaie aussi de critiquer les mœurs de ses contemporains. Certains de ses thèmes le rapprochent également de Marivaux.
Les personnages qu’il a créés ne sont ni des abstractions vertueuses, ni des monstres immoraux ; plutôt : des représentants ordinaires du peuple et de la bourgeoisie. Ce regard amusé et moqueur sur les classes sociales dans un monde changeant fait toujours le charme de ses comédies, qui s’inscrivent aussi dans le courant des Lumières en luttant contre l’intolérance et les abus de pouvoir. Dans ses pièces italiennes, Goldoni n’aborde jamais les sujets touchant l’Église ni à la religion, alors que ses comédies en français ont souvent un ton anticlérical et critiquent l’hypocrisie des moines et du clergé.
Les pièces italiennes sont écrites en toscan littéraire, à la base de l’italien moderne, ou en dialecte vénitien, selon les moments et les lieux où elles ont été écrites.

Magris, Claudio (1939-....)

Titre

Trieste, une ville transfrontalière

Titre Alternatif

in revue "L'illisible", TRANS- [En ligne], 21 | 2017

Créateur

Éditeur

Revue TRANS- [En ligne], 21 | 2017
Revue le littérature générale comparée

Date

05/04/2017
http://journals.openedition.org/trans/1602

Langue

Droits

Non libre de droits