Description

Adaptation du roman de Giovanni Verga, I Malavoglia (1181)
Luchino Visconti, comme l'a bien vu Gilles Deleuze, est un « cinéaste du temps », et son œuvre une irrémédiable recherche du temps perdu. Lecteur passionné de Marcel Proust ou de Thomas Mann, qui surent faire rimer autour du couple de mots adolescent-convalescent une partie de leur œuvre, il a uni les contraires, que ce soit le dialecte des pêcheurs siciliens avec la beauté chorale de la tragédie grecque dans La terre tremble (1948), ou bien le trauma des camps d'extermination nazis avec la disparition d'un monde de tradition familiale et de culture, comme dans Vaghe stelle dell'Orsa (Sandra, 1965). « Cinéaste aussi célèbre qu'inconnu », écrivait Serge Daney, Visconti offre « l'un des styles les plus hermétiques de l'histoire du cinéma » (Encyclopaedia Universalis)

Genre : Drame
L'action se déroule dans les années 1920-30 à Acitrezza, un petit village de pêcheurs situé sur la côte est de la Sicile. L'histoire se concentre sur une famille traditionnelle, les Valastro, et décrit l'exploitation des pêcheurs par les grossistes.Le fils aîné, ’Ntoni, excédé par l'attitude des grossistes qui achètent à un prix dérisoire le produit de leurs pêches, décide de réaliser une hypothèque sur la maison familiale afin de pouvoir acheter pour la famille son propre bateau et éviter ainsi de passer par leur intermédiaire pour vendre leurs poissons.

Dans sa recherche de vérité et d'authenticité, Visconti disposa en Giovanni Verga d'un allié littéraire de poids. Visconti, se servant de la leçon du romancier sicilien, ira, pourtant, plus loin : "Intéressé comme je le suis par les mobiles profonds qui apportent à l'existence des Italiens, l'inquiétude, le désir anxieux du neuf, j'ai trouvé dans la question méridionale une source d'inspiration. Je dois préciser que la première approche, et, en quelque sorte, la découverte de cette question s'est faite pour moi par une voie purement littéraire : les romans de Verga. (...) La clef mythique, par laquelle j'avais goûté Verga jusqu'à ce moment, ne me suffit pourtant plus. (...) et ce fut grâce à la lecture éclairante de Gramsci qu'il me fut accordé de détenir une vérité qui attend encore d'être affrontée et résolue de façon décisive."(Au-delà du destin des "Malavoglia", publié dans Vie nuove, octobre 1960).

Effectivement, "le pessimiste Verga ne donnait pas, comme Gramsci, "d'indication précise, réaliste, d'action" pour faire échec à une fatalité inscrite jusque dans le nom de Malavoglia. Visconti les baptisa du nom plus léger à porter de Valastro et il confia à son 'Ntoni qui, à la différence du personnage des Malavoglia, ne quitte pas le village mais repart à zéro, bien décidé à lutter, non plus seul mais avec d'autres, le soin de tirer la morale de la fable : "Dans le monde entier l'eau est salée. Quand nous passons les Faraglioni, le courant nous emporte. C'est ici que nous devons lutter".(Laurence Schifano, Luchino Visconti - Les feux de la passion, Perrin, 1987).

Critiques:
Michelangelo Antonioni : "C'est avant tout comme auteur que Visconti s'impose à nous. Particulièrement comme auteur de La terre tremble, parce qu'il s'agit ici d'une expérience intellectuelle qui atteint à la poésie. (...) Les personnages (du film) sont les fils adoptifs de Visconti (...) Il a choisi ceux qui étaient davantage les siens. (...) Aci Trezza n'avait évidemment rien à voir avec l'univers de Visconti. Ses habitants sont de race, de sang bien différents, mais peut-être est-il possible de montrer justement dans cet éloignement originel entre auteur et milieu, entre auteur et personnage, la raison d'une œuvre d'une telle pureté logique." (Bianco e nero, 1949).

Alain Tanner : "La terre tremble n'est pas un documentaire romancé sur la vie des pêcheurs siciliens. Son allure lente, qui lui permet de fouiller les situations si profondément, répond aussi à une exigence de l'action, comme il apparaît surtout dans la seconde moitié du film, lorsque les accents lugubres de la musique semblent suggérer toute la pesanteur du temps, le fardeau écrasant du désespoir. (...) Cette méthode qui consiste à permettre aux actions de se développer suivant leur rythme naturel (...) montre aussi combien le réalisateur contrôle solidement les sentiments qu'il veut exprimer. (...) Le détachement atteint de fait ici à la maîtrise : la scène réelle est interprétée, afin de nous livrer son essence. (...) Dans chaque prise de vue, nous sentons la présence de l'homme - même dans celles, peu nombreuses, où, littéralement parlant, il est absent." (Sight and Sound, printemps 1957)

Table des matières

Film Italien

Collection

Documents Iles

Titre

La terra trema [Episodio del mare]

Titre Alternatif

La terre tremble

Éditeur

Société de production : Universalia (Rome)



Date

1948
Date de tournage : de novembre 1947 à mai 1948 à Aci Trezza (Sicile)

Langue

Couverture temporelle

Format

165 minutes (180 min. à l'origine)
Format : Noir et blanc - 35 mm - 1,37:1 - Mono

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