Description

La mythologie magnifie les vestiges du monde gréco-romain tout en étant imprégnée d’un rapport physique à la nature. Entre autres exemples, ces thèmes, déjà présents dans « La chanson de Mignon » (cf. ci-dessous), écrite par Goethe après son périple en Italie, sont repris par Nerval sous la forme brève du sonnet dans un poème des Chimères, « Delfica », magnifique exemple de reconstruction subjective du mythe méditerranéen, fait d’un mélange de connotations sensorielles (couleurs, parfums), d’un substrat de références à l’Antiquité et de syncrétisme religieux.

Gérard de Nerval, Les Chimères, « Delfica » (1854)

La connais-tu, Dafné, cette ancienne romance,
Au pied du sycomore, ou sous les lauriers blancs,
Sous l’olivier, le myrte, ou les saules tremblants,
Cette chanson d’amour qui toujours recommence ?
Reconnais-tu le temple au péristyle immense,
Et les citrons amers où s’imprimaient tes dents,
Et la grotte, fatale aux hôtes imprudents,
Où du dragon vaincu dort l’antique semence ?
Ils reviendront, ces Dieux que tu pleures toujours !
Le temps va ramener l’ordre des anciens jours ;
La terre a tressailli d’un souffle prophétique …
Cependant la sibylle au visage latin
Est endormie encor sous l’arc de Constantin
Et rien n’a dérangé le sévère portique.


Goeth, extrait de "La chanson de Mignon"

Connais-tu le pays des citronniers en fleurs
Et des oranges d’or dans le feuillage sombre
Et des brises soufflant doucement du ciel bleu
Du myrte silencieux et des hauts lauriers droits ?

in Goethe, Les années d’apprentissage de Wilhelm Meister, 1795-96

Titre

« Delfica », Les Chimères [Extrait]

Titre Alternatif

Date

1854

Langue

Droits

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