Description

[Résumé]
À partir de données recueillies pendant neuf mois de recherche ethnographique à Marseille, cet article s’interroge sur les enjeux identitaires et spatiaux associés au qualificatif « méditerranéen » à Marseille. Il s’intéresse aux différentes perceptions des identités socio-spatiales liées à Marseille, ville « méditerranéenne » en voie de se repositionner à l’échelle mondiale. Le discours officiel émanant de deux grands projets urbains (Euroméditerranée et Marseille-Provence 2013), ainsi que les points de vues de différents acteurs (décideurs locaux, urbanistes, opérateurs culturels, habitants, etc.) sont utilisés pour démontrer les enjeux de pouvoir sous-jacents à la construction des identités urbaines dans cette ville en transformation.
[Abstract]
Drawing from data gathered during nine months ethnographic fieldwork in Marseilles, this article explores questions of identity and space associated with the term “Mediterranean” in Marseilles. The article examines official discourse emanating from two major urban projects (Euro-Mediterranean and Marseille-Provence 2013), as well as the perspectives of different actors (local decision makers, urban planners, cultural operators, local residents etc.) to demonstrate the relations of power that underlie the different and contested understandings of spatial identities circulating in this city undergoing urban regeneration.

[Extrait]
Marseille est-elle une « ville méditerranéenne » ? Et tout d’abord, que signifie le qualitatif de « ville méditerranéenne » accolé à Marseille dans le discours officiel, pour les habitants et pour les usagers de la ville ? Voici deux questions que je me suis posées lors d’une période de recherche ethnographique à Marseille (de septembre 2010 à juin 2011), au cours de laquelle diverses conceptions de la « Méditerranée » – parfois de façon contradictoire – sont ressorties. Par exemple, lors d’un entretien en juin 2011, Lisette Narducci, maire du 2e et 3e arrondissement de Marseille, a décrit Marseille comme « la deuxième ville en France avec une position géographique absolument unique en Méditerranée » voulant souligner l’importance de son rôle comme premier port de la France1. La femme chez qui je logeais pendant l’enquête, née en Tunisie de parents italiens et vivant dans un quartier à forte population issue d’Afrique du Nord, se considérait française, voire marseillaise. Pour elle, l’idée d’être « méditerranéenne » n’avait pas de sens. Une urbaniste de la municipalité trouvait que la ville n’était pas du tout « méditerranéenne » parce qu’il n’y avait pas cette habitude de flâner dans les espaces publics en famille, à l’inverse de ce que l’on peut voir en Italie ou en Espagne2. Un chargé de mission dans le cadre du Contrat urbain de cohésion sociale (Cucs) trouvait que les Marseillais étaient « méditerranéens » par rapport au « non respect » et à « l’incivilité »3. Souvent, le terme « méditerranéen » était « racialisé », c’est-à-dire utilisé comme une sorte d’euphémisme pour faire référence aux immigrés venus du sud du bassin méditerranéen vivant pour la plupart dans les quartiers dits « défavorisés »."

Table des matières

Introduction
La construction et la production de l’espace
L’invention de « la Méditerranée »
La construction d’une Marseille « méditerranéenne » ?
La « méditerranéisation » des projets culturels marseillais
Conclusion

Collection

Documents Villes

Titre

Marseille, ville méditerranéenne ? Enjeux de pouvoir dans la construction des identités urbaines

Titre Alternatif

in Jeux de pouvoirs et transformations de la ville en Méditerranée

Créateur

Éditeur

Revue Rives Méditerranéennes, 42
Rives méditerranéennes [En ligne], 42 | 2012, mis enligne le 18 juillet 2012, consulté le 24 mai 2022.

Date

30 juin 2012

Langue

Identifiant

DOI : https://doi.org/10.4000/rives.4211

Source

OpenEdition Journal
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