Affiche du Festival International du Film de Cannes. Petit format. 1946
Description
Après une première tentative, en 1939, abandonnée à la suite de l'entrée en guerre de la France contre l'Allemagne nazie, le festival international du film de Cannes inaugure sa première édition en 1946. Le début d'une fête du cinéma qui sera renouvelée chaque année, excepté en 1948 et 1950, depuis 70 ans.
Cannes, ou l’anti-Mostra de Venise
Lorsque les Français, dans les années 1930, envisagent la création d’un festival de cinéma à Cannes, c’est avant tout pour s’opposer à la Mostra de Venise, une émanation de la Biennale d’art devenue peu à peu depuis 1932, un rendez-vous important à l’échelle internationale du monde du cinéma. Néanmoins ses liens avec le régime fasciste amènent à son boycott par les Anglo-saxons et poussent les Français à en imaginer une réplique démocratique. Entre toutes les villes candidates Aix-les-Bains, Vichy (villes d’eau) ou Biarritz et Cannes (villégiature balnéaire), c’est cette dernière qui est retenue : elle possède des hôtels de grand standing dont les propriétaires soutiennent le projet de festival, et surtout une salle de projection moderne pouvant accueillir mille spectateurs.
La première édition est prévue pour ouvrir le 1er septembre 1939 : la sélection de films, français et étrangers, est faite et un paquebot transatlantique est affrété par la Metro-Goldwyn-Mayer pour transporter à Cannes les vedettes américaines. Le même jour, l’armée nazie envahit la Pologne : le festival est annulé à la suite de l’entrée en guerre. La première édition effective est inaugurée le 20 septembre 1946, dans un nouveau contexte qui est celui de l’après-guerre : les Etats-Unis, sortis grand vainqueur de l’affrontement mondial, étendent leur domination aux secteurs économique et culturel, sur un camp dit « démocratique » qui s’oppose de plus en plus nettement au camp socialiste mené par l’URSS. La France, fortement fragilisée par la guerre, tente alors de maintenir son rang de grande puissance et mise, pour ce faire, sur son attractivité culturelle et touristique. Le festival de Cannes participe pleinement de cette stratégie.
La fabrique des stars
Dès les premières éditions, le Festival de Cannes se caractérise par la présence, remarquée, de célébrités, que l’on appelle encore « vedettes » et que l’on commence à appeler « stars », issues du monde du cinéma en particulier français et américain. Très vite, les projections de films sont moins commentées par les médias (presse, radio puis télévision) que les stars, leurs smokings et leurs robes du soir, leurs déclarations et leur vie privée. Pendant le festival, les journalistes et les photographes de presse (le terme de « paparazzi » apparaît en 1960) sont présents en nombre et contribuent à accentuer cette dimension. L’affiche de 1946 joue déjà sur ces symboles et associe la Grande bleue au monde du spectacle, en représentant un couple amoureux et élégant, en pleine escapade, dans une scène elle-même encadrée, donc mise à distance par le prisme de l’écran et de la « projection » cinématographique et fantasmatique à la fois.
Le succès du Festival de Cannes, dès ses premières éditions et plus encore dans les années 1960, tient à sa capacité à s’imposer comme un rendez-vous international attendu par les professionnels du cinéma comme par le public. Lieu de découverte de cinéastes et d’acteurs, lieu de sélection et de reconnaissance, le festival participe à la fabrication des réputations, à l’orchestration des reconnaissances, et à l’amplification de la notoriété d’un film.
Un exemple probant en est la promotion mise en place pour le film Le Guépard, en 1963, qui joue sur ces trois plans. En présence des deux têtes d’affiche, mondialement célèbres, que sont l’Italienne Claudia Cardinale et l’Américain Burt Lancaster (la troisième, absente, étant le Français Alain Delon), et du réalisateur, Luchino Visconti, une séance de photographies est organisée sur la plage avec un vrai guépard. La stratégie adoptée se révèle gagnante : allier, pour un film franco-italien, des vedettes populaires en Italie, en France et aux Etats-Unis, présenter le film au Festival de Cannes en 1963 afin de lui donner une légitimité (il remporte le Grand Prix) et une visibilité permettant une grande diffusion en Europe et son exportation aux Etats-Unis. La mise en scène convoque, à l’arrière-plan derrière les vedettes du film qui posent « au naturel », l’ensemble des symboles associés à Cannes : la plage et ses palmiers, la Croisette et les grands hôtels internationaux qui le bordent, et enfin le palais du festival et des congrès, construit en 1947 et inauguré pour la seconde édition du Festival. Est ainsi rendue manifeste l’attractivité internationale de la Côte d’Azur, en pleine expansion.
Pour réaliser les affiches du festival 1946, on fait appel à plusieurs illustrateurs. Paul Colin signe le grand format (120x160 cm) avec son caméraman à la tête en forme de mappemonde. Pour le petit format (60x40 cm), Leblanc se concentre sur la mer, le smoking et la robe de soirée qu'il cadre dans un écran. Et c'est une pellicule enroulée autour d'un mât, orné de longs fanions multicolores, que Rémy Hétreau choisit de dessiner pour l'affiche, la moins connue, et sur laquelle l'illustrateur inscrit ces mots : « Les plus beaux films du monde dans le plus beau cadre du monde. »
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Titre
Affiche du Festival International du Film de Cannes. Petit format. 1946
Créateur
Date
1946 (20 septembre 1946 - 5 octobre 1946)
Langue
Format
Lithographie couleur. Petit format (60x40 cm)
Source
Histoire par l'image [en ligne], consulté le 29 mai 2022. URL : http://histoire-image.org/fr/etudes/nice-place-massena-angle-avenue-verdun
Droits
Non libre de droits