Description

José Pagliardini effectue une analyse sociologique du film de Dino Risi, Il sorpasso (1962), montrant combien ce film, dans sa trame générale et dans ses détails, reflète l’euphorie de l’Italie du miracle économique, mais aussi ses faiblesses. La fin tragique, inattendue, contraste avec les rebondissements, les effets comiques, l’humour dont est semée la pellicule.

[Extrait]
L’évolution des mentalités, des idées, des habitudes vestimentaires, la libération des corps, tout cela est accompagné, dans le film, par l’apparition de nouveaux rythmes et de danses convulsives comme le twist, véritable hymne du Fanfaron (on s’y adonne au night-club, sur la plage, mais aussi dans un bal champêtre). La progression de ces rites profanes et jubilatoires contribue à l’effritement des tabous, en même temps que diminue le carcan religieux qui, jusque-là, entravait les Italiens dans leur quête du plaisir. Cette distance qui s’instaure vis-à-vis de l’Église est perceptible à deux reprises au cours des trente-cinq premières minutes du film. D’abord, lorsque des prêtres, victimes d’une crevaison, arrêtent Bruno pour lui demander, en latin, un cric : « Elevator nobis necesse est ». Celui-ci leur répond, railleur : « Non habemus cric, desolatus » et ajoute, pour Roberto : « Mannaggia, ci siamo persi le donne mò ! Amen ». Sa seule préoccupation est alors de suivre deux jeunes Allemandes, promesses de bonnes fortunes, roulant comme eux, à grande vitesse et en décapotable. Ensuite, au cours d’une scène qui se déroule au restaurant, à Civitavecchia, et qui oppose à nouveau Bruno et Roberto. Tandis que Roberto fait preuve d’un intérêt poli à l’égard de deux religieuses quêteuses, et leur donne un peu d’argent, Bruno adopte une attitude désinvolte, à la limite du sous-entendu galant, et semble mettre en doute l’existence de leur ordre. Quelques secondes plus tôt, un homme nettement plus âgé que Bruno leur avait aussi refusé l’aumône, contre l’avis de sa propre femme, se déclarant hostile à ce genre de pratique. Par un jeu de mots facile, on pourrait en conclure que prêtres et religieuses sont des exclus du « miracle »

Titre

Il sorpasso de Dino Risi : entre rire et rictus, le double visage d'une Italie euphorique

Titre Alternatif

in «Humour, ironie, impertinence»
"Humour et société"

Créateur

Éditeur

Revue Italies

Date

2000, n° 4

Langue

Place

Couverture temporelle

Format

p. 577-605.

Identifiant

https://doi.org/10.4000/italies.2324

Source

OpenEdition Journals
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Droits

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