Description

[Résumé]
En 1915 Pirandello publie On tourne, un roman dont le protagoniste / narrateur est un opérateur de cinéma. Ce texte témoigne de son intérêt pour le nouvel art, mais aussi du peu de considération qu’il lui accorde. La méfiance de Pirandello semble liée à ses dispositions de provincial et à l’antagonisme structural qui l’oppose, comme écrivain attaché à une conception exigeante de l’art et encore peu connu, à D’Annunzio et aux futuristes qui, déjà célèbres, sont les rares écrivains italiens de l’époque à défendre le cinéma. La position de Pirandello change considérablement au début des années 1920. La carrière internationale que lui ouvre le succès de Six personnages en quête d’auteur, lui donne l’occasion de mesurer que l’espace cinématographique est plus vaste et plus différencié qu’il ne le pensait dans l’Italie des années 1910. Certains metteurs en scène lui paraissent témoigner de la possibilité de produire des films conformes à sa poétique. Il conçoit alors le projet d’un film tiré de sa pièce la plus célèbre et affiche même l’ambition de réaliser dans le cinéma une révolution analogue à celle qu’il avait opérée dans le théâtre.

[Extrait]
Pirandello en équilibre instable entre tradition et modernité

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Comme la majorité des écrivains préoccupés par leur réputation, Luigi Pirandello ne reconnaît aucune potentialité artistique au cinéma dans les années 1910. Pendant la décennie suivante, au contraire, non seulement il en parlera avec enthousiasme, mais il ira jusqu’à exprimer la volonté de réaliser un film tiré de sa pièce la plus célèbre, Six personnages en quête d’auteur. Pour expliquer l’évolution de l’attitude de Pirandello à l’égard du cinéma, il faut avoir à l’esprit (entre autres facteurs) que sa position dans le champ littéraire change au cours des années 1920.
Pirandello formule son opinion sur le cinéma dans son roman On tourne (1915 [Sorti par épisodes entre le 1er juin et le 16 août 1915 dans la Nuova Antologia et, avec de légères modifications, en un seul volume chez l’éditeur Treves en 1916, ce roman est republié en 1925 par Bemporad avec une série de variantes et pour nouveau titre Notes de Serafino Gubbio, opérateur. Le livre n’est plus divisé en fascicules mais en cahiers. La même année, les Éditions du Sagittaire à Paris en publient une traduction française (sous le titre On tourne), que nous utilisons pour les citations.]
Le geste est audacieux pour l’époque : les rares essais sur le cinéma publiés auparavant n’étaient que des œuvres modestes d’écrivains marginaux [Voir Sergio Raffaelli, Il cinema nella lingua di Pirandello, Rome, Bulzoni, 1993, p. 15-27.]

. Mais son audace est compensée par le fait que dans ce livre il reste proche de la majorité des hommes de lettres et partage le peu de considération qu’ils accordent au cinéma. Dans son cas, cette opinion négative est à l’évidence en rapport avec l’attitude ambivalente, voire hostile, à l’égard de la modernité, que l’on trouve dans son œuvre depuis le tout début, une attitude liée à ses dispositions de provincial, lui qui est né et a grandi en Sicile à une époque où la société sicilienne était encore particulièrement fermée et traditionaliste par rapport à d’autres régions italiennes.

Table des matières

Pirandello en équilibre instable entre tradition et modernité
Le changement de « point de vue »

Titre

La conversion de Pirandello au cinéma

Titre Alternatif

in Actes de la recherche en sciences sociales

Créateur

Éditeur

Le Seuil | « Actes de la recherche en sciences sociales »

Date

2006/1-2

Format

N° 161-162, pages 32-41
pdf, 30 pages

Identifiant

doi.org/10.3917/arss.161.0032

Droits

Non libre de droits