Sciola, Pinuccio (1942-2016)
Description
Pinuccio Sciola et les pierres qui chantent.
Quand Pinuccio Sciola glisse ses mains calleuses le long du calcaire perforé, avec une sensualité de Sarde et les yeux fermés, la roche se met à chanter. Sous l'oeil ébahi des visiteurs de son « giardino sonoro », un jardin sonore au look de cimetière pour menhirs scarifiés, les gros morceaux de basalte strié sculptés par l'artiste italien se muent en divas pleureuses et inertes. Les pierres qui chantent de Sciola émettent un son minéral, froid, et pourtant mélodieux, pas si éloigné de celui produit par les verres musicaux ou le vibraphone (qui font d'ailleurs partie de la même famille d'instrument : les idiophones). Pas de mécanismes compliqués ni d'assemblages exotiques, c'est la nature même du matériau, sa densité, son élasticité et les motifs propres à sa composition qui vont former le son qu'on peut en tirer. Et pas question de s'exciter dessus frénétiquement, comme Keith Moon sur sa grosse caisse : la roche ne se dévoile que par friction, le toucher délicat d'une main ou d'une petite roche qui la frôle avec tendresse.
Giuseppe Sciola, connu sous le nom de Pinuccio, naît en 1942 dans une famille de paysans du village de San Sperate, au sud de la Sardaigne. Il grandit au milieu des nuraghi, ces édifices de pierre typiques de l'île, au look entre tourelles et tumulus. Pinuccio bénéficie d'une bourse, et part étudier l'art à Florence, Madrid, puis Paris. Revenu chez lui, il décide en 1966 de transformer son lieu de naissance en « village-musée » à ciel ouvert : inspiré par les murales mexicains, il recouvre les murs blancs de fresques, invite ses amis puis des artistes à en faire de même. Le mouvement prend de l'ampleur dans les années 1970 et on peut en voir aujourd’hui encore plus de 260 dans les rues de San Sperate.
Ses premières pietre sonore (pierres sonores) sont exposées en 1997, puis font le tour du monde avant que le célèbre architecte italien Renzo Piano n'en choisisse un bel exemplaire pour accueillir les visiteurs de la Cité de la Musique à Rome. Enracinées dans l'île où elles sont nées, les roches sonores de son jardin sont accessibles au public. Pinuccio Sciola n'a travaillé que les pierres de Sardaigne, les autres ne lui parlant décidément pas de la même façon. « J'aime me retrouver seul dans la campagne », dit -il « C'est de là aussi que viennent les sons. ». Ses déambulations pastorales sont témoin de sa philosophie, contemplatrice et légèrement hippie, version paysan sarde. Pour Pinuccio, ses sculptures sont la continuité de la vie de la pierre : les sons dévoilent l'identité de la roche, le souvenir de sa formation, exprime les tensions et les pressions qui traversent sa masse. Il ne fait que la déshabiller, la mettre à l'aise pour qu'elle raconte son histoire, entre le toucher de l'amant et l'oreille du psychanalyste. « Ce n'est pas ma musique que vous entendez, c'est un son qui vient de l'intérieur. »
Birth Date
15 / 03 / 1942
Death Date
13 / 05 / 2016
Occupation
Artiste sculpteur sarde
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