Au temps d’harmonie
Description
En 1892, le peintre Paul Signac débarque à bord de son voilier, l’Olympia, à Saint-Tropez. Ébloui par les façades colorées des maisons de pêcheurs et la luminosité du ciel, il écrit à sa mère : « C’est le bonheur que je viens de découvrir. » Il achète une villa, La Hune, où il va accueillir ses amis artistes, déjà célèbres ou destinés à le devenir, tels Henri Matisse et Maurice Denis. Il consacre à la commune de Saint-Tropez pas moins de 36 tableaux, dont cette toile monumentale de quatre mètres sur trois. Il peint les plages, les bateaux, les scintillements de l’eau dans le port… mais il met aussi en scène ses idées.
Théoricien du divisionnisme, défenseur du pointillisme avant de se consacrer à l’aquarelle, Paul Signac est un peintre majeur de la fin du 19ème siècle dans la mouvance post-impressionniste…
Le terme de « néo-impressionnisme » est employé pour la première fois par le critique d’art Félix Fénéon suite à l’exposition des divisionnistes (Seurat, Signac, Pissaro) en 1886. Après la mort de Seurat, Paul Signac devient ainsi le fer de lance de ce courant pointilliste qui ne mélange pas les couleurs sur la palette : c’est l’œil qui réalise le mélange entre une touche de rouge et une touche de bleu pour obtenir un violet... Comme des pixels ! Mais la technique est particulièrement exigeante au point qu’on ne connaît qu’une douzaine de grands tableaux de Georges Seurat, les autres œuvres n’étant que des dessins préparatoires !
Le pointillisme (et encore plus le divisionnisme) imaginé par Georges Seurat et théorisé par Paul Signac, cherche à justifier sa technique par les courants scientifiques qui émergent à la fin du 19ème siècle, en créant un groupe d’artistes avant-gardistes : Pissaro, Luce, Verhaeren, van Rysselberghe, Van de Velde... Pour la plupart, ce sont des peintres engagés politiquement, souvent dans la mouvance anarchiste. Co-fondateur de la Société des Artistes Indépendants avec Seurat, Signac écrit un livre capital « D’Eugène Delacroix au néo-impressionnisme», manifeste qui est publié en Allemagne avant d’être édité en France, pour expliquer cette nouvelle peinture.
C’est en 1880, dans une exposition de tableaux de Claude Monet, que Signac a le déclic. Ému par les petites touches de pinceau du maître impressionniste qui recréent « les gares, les bateaux, les rues pavoisées », le jeune peintre décide de se consacrer comme lui aux paysages et aux scènes de plein air. Passionné par la mer et la navigation, lui aussi veut créer une peinture vibrante et lumineuse. Mais la technique employée sera différente… Pour lui, la « virgule » des impressionnistes, touche enlevée bien adaptée aux sensations fugitives, est le stade transitoire entre la hachure romantique de Delacroix et sa propre technique : la touche divisionniste.
Titre
Au temps d’harmonie
Créateur
Éditeur
Collection mairie de Montreuil (Seine-Saint-Denis).
Date
1893-1895
Format
Huile sur toile, 410 × 310 cm
Source
Caminteresse (consulté le 31 octobre 2022)
Droits
Non libre de droits