Description

[Résumé]
Depuis que Murathan Mungan, dès le début des années 1980, a placé sa ville de Mardin au centre de son œuvre littéraire, de nombreux écrivains originaires du Kurdistan turc ont à leur tour, de manière très visible ces dernières années, intégré cette région à leur travail. Ce territoire sans existence légale, ce « lieu absent » comme le dénomme Şener Özmen, a ainsi construit sa présence dans l’espace littéraire en dépit de réalités historiques contraignantes telles que l’interdiction décennaire sur la langue et la culture kurdes et la négation du génocide arménien. Cet article aborde les liens entre langue et territoire chez des écrivains comme Murat Özyaşar ou Ayhan Geçgin, l’entreprise de mythographie du lieu chez des auteurs comme Mungan, Özyaşar, Özmen ou Kemal Varol, et le traitement des géographèmes de la frontière, de la ville et de la montagne.
[Abstract]
Ever since Murathan Mungan placed his hometown of Mardin at the heart of his literary works at the beginning of the 1980s, many writers from Turkey Kurdistan have in turn, and in a manner that has become increasingly evident in the last few years, integrated the region into their works. Denied legal existence, this “absent place” so described by Şener Özmen, has claimed a presence in literary space despite stringent historical realities, including the ban on the Kurdish language and culture and the negation of the Armenian genocide. This article discusses the relationships between language and territory in the works of writers such as Murat Özyaşar or Ayhan Geçgin, the venture on mythography of space in the works of authors such as Mungan, Özyaşar, Özmen or Kemal Varol, and treatment of borders, cities and mountains as geographemes.
[Extrait]
Comment s’écrit ce territoire, cet « espace-autre » dans un contexte où la paix, évoquée plus haut, a plané quelque temps au-dessus de ces terres comme un espoir qui parut ne tromper que ceux qui n’y vivaient pas et n’avaient pas été les témoins directs des atrocités d’une « sale guerre » (Kemal 09/01/1995) qui dure désormais depuis plus de trente ans ? Les approches littéraires de ce « Kurdistan turc » (cette expression désigne-t-elle vraiment la partie de ce territoire qui se trouve en Turquie ou dit-elle implicitement que l’État turc a créé ce Kurdistan en continuel état de guerre ?), malgré la lourde interdiction qui a pesé sur la langue et l’expression du peuple kurde, sont suffisamment variées, nombreuses et marquantes pour qu’apparaisse aujourd’hui un objet littéraire qui, pour peu que les œuvres en question soient traduites et dépassent les frontières (mais qu’est-ce qu’une frontière en littérature, et qu’est-ce qui fait frontière à la littérature des Kurdes ?) prendrait certainement la place qui lui est assignée sur la mappemonde littéraire dont, ces dernières années, la géocritique a mis en évidence l’existence dans toutes ses dimensions.

Table des matières

Introduction
Du hors-carte…
… à l’hétérotopie kurdistanî
I. La langue et le territoire
L’intrusion du kurde dans le turc
L’entre-deux-langues
II. Mythographie du lieu
Mardin
Diyarbakır
Arkanya
(he)zex
III. La constante mobilité du hors-lieu
Les frontières
L’homme, la nature et ses centres de gravité
Conclusion : le territoire est fait d’espace et de temps

Titre

L’Hétérotopie kurdistanî : défense et illustration d’un territoire littéraire

Titre Alternatif

Kurdistanî Heterotopia: Plea for and Representation of a Literary Territory

Éditeur

European Journal of Turkish Studies

Date

2016

Langue

Format

Pdf, 24 pages

Source

OpenEdition (consulté le 17 novembre 2022)

Droits

CC BY-NC-ND : https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/3.0/fr/