Description

[Résumé éditeur]
Chez les Kazanci, Turcs d'Istanbul, les femmes sont pimentées, hypocondriaques, aiment l'amour et parlent avec les djinn, tandis que les hommes s'envolent trop tôt - pour l'au-delà ou pour l'Amérique, comme l'oncle Mustafa. Chez les Tchakhmakhchian, Arméniens émigrés aux Etats-Unis dans les années 20, quel que soit le sexe auquel on appartient, on est très attaché à son identité et à ses traditions. Le divorce de Barsam et Rose, puis le remariage de celle-ci avec un Turc nommé Mustafa suscitent l'indignation générale. Quand, à l'âge de vingt et un ans, la fille de Rose et de Barsam, désireuse de comprendre d'où vient son peuple, gagne en secret Istanbul, elle est hébergée par la chaleureuse famille de son beau-père. L'amitié naissante d'Armanoush Tchakhmakhchian et de la jeune Asya Kazanci, la " bâtarde ", va faire voler en éclats les secrets les mieux gardés. Avec ses intrigues à foison, ses personnages pour le moins extravagants et l'humour corrosif qui le traverse, La Bâtarde d'Istanbul pose une question essentielle : que sait-on vraiment de ses origines ? Enchevêtrant la comédie au drame et le passé au présent, Elif Shafak dresse un portrait saisissant de la Turquie contemporaine, de ses contradictions et de ses blessures.

L’étroite intrication de l’histoire, sur quatre générations, des familles d’Asya et d’Armanoush, et l’amitié qui naît, irrésistiblement, entre les deux jeunes filles, révèle clairement le dessein de l’auteure, elle-même Turco-américaine, de montrer que le destin des deux communautés, en dépit de la fracture qui s’est produite entre elles en 1915, des crimes qui ont été commis, et des cicatrices, encore vives, qu’ils ont laissées dans les mémoires, et qu’il ne convient pas d’effacer, est de se retrouver un jour, fatalement, et d’accepter, ou de refuser de se reconnaître comme parties d’une même famille, partageant une même culture, symbolisée ici, de façon très sensuelle, et intime, par la similitude des goûts et usages culinaires (chaque chapitre portant en titre un ingrédient de cet art commun, y compris le plus toxique, celui qui a empoisonné les relations entre Turcs et Arméniens).

Réconciliation possible ? Haine irréductible ?
Le roman pose la question, ce qui, en soi, est encore aujourd’hui une démarche ardente, pleine de risque, puisque l’auteure, Elif Shafak, dont il faut saluer le courage, a été traduite devant la justice turque et n’a dû son acquittement qu’au soutien massif de personnalités de tous pays.

Il faut lire ce livre, qui réduit en miettes de nombreuses idées reçues sur la Turquie d’aujourd’hui et sur la tragédie turco-arménienne.

Collection

Documents Villes

Titre

La bâtarde d'Istanbul

Éditeur

Paris, Phébus

Date

2007

Format

336 pages, 14 x 20.5 cm

Droits

Non libre de droits