La femme dans la peinture orientaliste
Description
[Résumé éditeur]
De toutes les coutumes et traditions de la vie quotidienne des femmes orientales, le harem est certainement le plus familier et le plus méconnu de l'Occident. Les peintres voyageurs, les écrivains, les poètes ont donné libre cours à leur imagination et à leurs fantasmes autour de ce thème, la réalité se mêle ainsi intimement à l'imaginaire. Outre le thème des odalisques et almées, ce livre traite également de la vie quotidienne, en famille, en promenade, au travail, dans la détente et la douceur de vivre.
Lorsqu'Antoine Galland fait paraître la première traduction française des Mille et une nuits en 1704, une Schéhérazade séductrice conquiert l'Occident, un rêve d'Orient s'empare de la France.
Aux turqueries du grand Mamamouchi du XVIIème siècle succèdent les récits des voyageurs fascinés par la Sublime Porte et l'imagerie d'un ailleurs galant. Madame de Pompadour orne les murs de sa chambre de trois "sultanes" de van Loo pour séduire le roi et Marie-Antoinette aime se vêtir à la turque. Plus tard, le retentissement de la campagne d'Egypte de Bonaparte et les écrits des auteurs romantiques pour lesquels l'Orient est devenu une préoccupation générale (Hugo) donnent un nouvel essor à l'éternel besoin d'évasion du monde occidental.
Les peintres laissent aller leur imagination et représentent la douceur de vivre, les occupations quotidiennes, les distractions. Fleurs à profusion, mobilier ouvragé, plateaux chargés de sucreries, petits animaux, oiseaux envahissent les toiles dans lesquelles les femmes jouent du luth, fument le narguilé, tirent les cartes.
La représentation la plus commune est une femme jeune et désirable, la femme rêvée d'un orient mythique et fantasmé associée à un lieu clos, le harem. La racine du mot est "haram", littéralement "l'interdit". Il devient chez les peintres occidentaux, un lieu clos de jouissance et d'abandon. La femme passive, languide, offerte, est prête à tout pour satisfaire les désirs de son maître. Les nus allongés fleurissent, chez Renoir "Femme d'alger", ou Matisse " L'odalisque à la culotte rouge". Il arrive parfois que le peintre représente la femme comme une captive en proie à la convoitise , "L'inspection des nouvelles arrivantes" de Rosati, à la violence d'un tyran tout puissant "La mort de Sardanapale" de Delacroix, ou aux rivalités, "Jalousie au sérail" de Cormon. Mais la vision menaçante de la féminité, l'influence de la captive auprès de son maître inspirent rarement l'artiste, qui la rêve tentatrice plutôt que cérébrale (Roxelane, Mirhisah des Lumières), de la même manière que Galland occulta l'intelligence de Schéhérazade et la dimension politique des contes. Parée de riches étoffes, de bijoux précieux, savamment coiffée, la femme orientale vit dans l'opulence. Voluptueuse, elle trompe les heures en attendant un homme. Coquette, séductrice, fatale, elle s'apprête pour le plaisir, dans de nombreuses scènes de bain, "Le bain de vapeur" de Gérôme, "Le bain turc" d'Ingres, "Le massage, scène de hammam" de Debat-Ponsan.
L'apparition d'un orientalisme naturaliste qui s'affranchit de cet imaginaire empreint d'érotisme tend à représenter des femmes actives en extérieur, "La lessive dans l'Oued" de Taupin, ou des femmes de tous âges et de différentes ethnies, comme le "Portrait d'une Nubienne" de Muller. Les scènes intimes se font plus rares, la représentation évolue. Ce que l'inconscient collectif a retenu des femmes représentées par les orientalistes n'est pas la vision naturaliste, réaliste d'un Guillaumet par exemple, mais une représentation bien éloignée de la réalité historique. A notre corps défendant, nous faisons fi de la réalité de l'époque. On admire les couleurs et la lumière qui émanent des toiles, on scrute les mille et uns détails, on aime se plonger dans ce magnifique ouvrage de Lynne Thornton comme on se plaît à rêver à la lecture des Aventures du dernier Abencérage ou des Contes de l'Alhambra. Et s'il fallait trouver un seul petit défaut au livre, ce serait l'absence de peintres orientalistes espagnols (l'auteur ne mentionne que les écoles britanniques, françaises et italiennes) assez curieuse quand on connaît la relation particulière qu'eut l'Espagne à l'Orient et à la culture arabo-islamique, à travers notamment El Andalus.
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