Ouverture. Les inventions de la Méditerranée (1798-1930). Mises en lumière croisées
Description
[Résumé]
Toute étude consacrée à « l’objet » Méditerranée se doit de démêler préalablement l’entrelacs de la gestation sémantique qui a accompagné l’invention et l’affirmation du concept d’aire méditerranéenne. Plusieurs ouvrages s’y sont attelés. Les historiennes Anne Ruel et Marie-Noëlle Bourguet en ont spécifiquement retracé les étapes historiques principales dans leurs ouvrages, faisant correspondre l’émergence du concept aux grandes expéditions scientifiques de la fin du xviiie et du début du xixe. Une lecture synthétique et croisée de ces ouvrages fera apparaître que les premiers évocations scientifiques d’un « fait » ou « facteur » méditerranéen installent d’emblée des enjeux contradictoires autour du concept. Les premiers, apparus aux xviiie et xixe, participent à l’effort de synthèse et d’homologation culturelles déterminé par des ambitions politiques prégnantes. Les plus récents, concentrés autour des années 1930 au sein des revues littéraires de la rive Sud, accueillent à l’inverse sous l’acception méditerranéenne un imaginaire défragmenté, délesté des legs du passé et riche de ses réalités et représentations plurielles. L’examen croisé de ces phases successives de la genèse du concept nous conduira à interroger les imaginaires « poétiques » qui les cristallisèrent, comme dans une chambre d’écho, dans le substrat des mises en œuvres artistiques (littéraire et iconographique). Nous observerons les perceptions contradictoires qui marquent la genèse du concept méditerranéen et déterminent la construction d’imaginaires établis autour de représentations antagonistes : des regards et éclairages idéalisés des esthétiques néoclassique et orientaliste, facettes successives du mythe méditerranéen alors revigoré, à la mise en lumière crue, nécessaire au dévoilement des réalités multiples fondateur dans les années 1930 d’un nouvel humanisme méditerranéen.
[Abstract]
Any study that takes the Mediterranean as its object must first and foremost untangle the complex semantic gestation that went along with the invention and assertion of the concept of the Mediterranean. Several works have attempted to do so. Historians Anne Ruel and Marie-Noëlle Bourguet have retraced the main historical stages of this process, linking the emergence of the concept to the great scientific expeditions of the late 18th and early 19th centuries. A synthetic reading of these works shows that the earliest scientific mentions of a Mediterranean “fact” or “factor” necessarily brought contradictory issues to light. The first mentions of the concept, in the 18th and 19th centuries, were part of an effort to synthesize and ascertain a culture, determined by the prevailing political ambitions of the day. More recent ones, in 1930s literary journals from the Southern shore, celebrate a defragmented imaginary under the term “Mediterranean”, freed from the legacies of the past and embracing plural realities and representations. The exploration of these successive phases in the genesis of the concept will lead us to question the “poetic” imaginary that crystallized and echoed them through the substrate of artistic expression (literature and iconography). We will observe the conflicting perceptions that mark the genesis of the Mediterranean concept and determine the construction of an imaginary from antagonistic representations: from the idealist gaze of Neoclassical and Orientalist aesthetics bringing to light diverse facets of the Mediterranean myth, to the unveiling of a new Mediterranean humanism in the 1930s.
Collection
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Titre
Ouverture. Les inventions de la Méditerranée (1798-1930). Mises en lumière croisées
Date
2021, N°103
Langue
Format
N°103, pp. 15-33
Identifiant
https://doi.org/10.4000/cdlm.14823
Droits
Non libre de droits