Description

[Extrait]
Les Arabes, gens du désert, ont pour la mer de l'aversion. Une aversion qui n'exclut pas la fascination. De cette fascination, j'en veux pour preuve le fait, si étrange pour des continentaux affirmés, de s'identifier par rapport à elle, en fonction d'elle. Ne se définissent-ils pas couramment comme les ressortissants d'un monde — le monde arabe — qui va, disent-ils, du Golfe à l'Océan. Cet Océan qui est l'Atlantique, ce Golfe dont ils ont âprement disputé la dénomination au voisin iranien: de Golfe persique pour l'Iran, Golfe arabique pour les Arabes, il est devenu, à la suite d'une véritable négociation diplomatique, Golfe arabo-persique. Et pourtant, dis-je, chez eux, quel désamour séculaire de la mer, quel effroi ! Le Coran, qui jette un beau et grand regard sur la totalité des éléments, ne pouvait manquer de l'évoquer. [...]
La mer, autrement dit l'eau d'abondance est, mystérieusement et par le fait de la grâce d'Allah, coupée en deux: d'une part l'eau amère ou salée,d'autre part, l'eau douce. Or, l'une est séparée de l'autre par une barrière infranchissable, ce qui permet à l'homme, toujours par la grâce divine, de profiter tour à tour des bienfaits de celle-ci ou de celle-là. Boire ici, se désaltérer là, cueillir au fond de l'«onde amère» la richesse cachée —perles ou corail —, naviguer à bord de grands vaisseaux, œuvres apparentes de l'homme mais en réalité propriété d'Allah qui, seul, est à même de dominer et de maîtriser l'élément redoutable et redouté. On le voit par cette sobriété même, qui se retrouve, plus incisive encore, en d'autres versets (XVIII, 60-61; XXV, 53; XXVII, 61; XXXV, 12).

Titre

La mer et les Arabes

Titre Alternatif

in Revue "Confluences"

Éditeur

Revue "Confluences"

Date

Printemps 1995

Langue

Format

N°14, pp. 157-161
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Source

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Droits

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