L’imaginaire cinématographique de Port-Saïd
Description
[Résumé]
Pour raconter, le cinéma égyptien s’est souvent concentré sur Le Caire. Certaines délocalisations l’ont pourtant amené à quitter la métropole pour voyager vers des espaces chargés de fiction, parmi lesquels figure Port-Saïd. Étudier Port-Saïd au cinéma, c’est supposer une classification zonale délimitant une catégorie de films selon un principe qui les relie à un espace géographique. Tout au long de son histoire, le cinéma égyptien a fait trois sorties majeures hors de la capitale. La première, pour aller à Alexandrie, filmer au bord de la mer et raconter le plus souvent des histoires d’amour qui naissent sur les plages d’été. La seconde, pour tourner dans le monde rural, montrer le travail des champs et raconter des histoires d’injustice sociale liées à la terre. Le cinéma du canal de Suez, dont la naissance et le développement sont étroitement liés à l’histoire de celui-ci, constitue la troisième sortie. L’objectif de cette étude, consacrée à l’exploration de l’imaginaire de Port-Saïd dans le cinéma égyptien, est de voir par quels moyens celui-ci construit l’identité de la ville et connote son espace. Notre hypothèse est que le topos du voyage, qui constitue une dimension structurelle de la ville-port et rassemble les fictions qu’elle engendre, est pris en charge par des genres filmiques, des formes et des motifs cinématographiques produisant un imaginaire spécifique du lieu. À partir de trois exemples emblématiques de Port-Saïd à l’écran, notre démarche suivra la manière dont le topos du voyage s’inscrit dans quatre figures (balnéaire, urbaine, portuaire et guerrière) qui composent l’imaginaire de la ville.
[Extrait]
Dans l’ensemble de la fiction cinématographique consacrée à Port-Saïd, deux tendances se dégagent : la première embrasse des films, produits dans les années 1950-1960, qui mettent en scène l’aspect portuaire et estival de la ville dans des romances, des comédies et des thrillers, les drames sociaux étant plutôt liés au Caire et au monde rural. Au sein de cet ensemble assez varié, le canal et la mer fournissent un cadre aux intrigues qui se détournent le plus souvent du contexte historique de l’époque. Une deuxième tendance regroupe des fictions qui impliquent l’histoire du canal, soit avec des films engagés en faveur de la guerre et de la résistance, soit avec d’autres qui, dès 1981, traitent de sujets sociopolitiques en rapport avec le nouveau statut de Port-Saïd en tant que zone franche livrée à l’économie de marché.
Table des matières
Collection
Titre
L’imaginaire cinématographique de Port-Saïd
Titre Alternatif
in Revue "Sociétés & Représentations"
Éditeur
Éditions de la Sorbonne
Revue précédemment éditée par Nouveau monde Editions
Date
2019, 2
Langue
Format
N° 48, p.95-108
PDF
Droits
Non libre de droits