Description

[Synopsis]
Au cours d'un voyage en train, Snaporaz (Marcello Mastroianni), la cinquantaine, sort de sa somnolence et découvre, face à lui, une jeune femme attirante (Bernice Stegers). Il la suit aux toilettes pensant pouvoir la séduire mais elle se dérobe. Le train s'arrête en pleine nature et l'inconnue en descend. Snaporaz se décide à la suivre et il se retrouve inopinément en pleine forêt dans un hôtel fantasmagorique où se tient un congrès féministe. Pris dans la souricière, le malheureux assiste de plus en plus effrayé aux rites menaçants de ces créatures. Contraint de se plier à leurs moindres volontés, il devient leur souffre-douleur. Il trouve refuge dans la villa de Katzone (Ettore Manni), le macho par excellence, où il découvre le reliquaire de ses multiples conquêtes dont les orgasmes ont été enregistrés. Lors de la soirée que Katzone organise pour fêter sa dix-millième maîtresse, parmi les invités, Snaporaz rencontre sa femme, Elena (Anna Prucnal), et ils échangent les rituels griefs d'une crise conjugale. Les festivités sont gâchées par l'irruption des féministes. Snaporaz s'échappe sur un toboggan où il revit les souvenirs sexuels de sa jeunesse. Mais il finit par être capturé et, alors qu'aucune échappatoire n'est possible, Snaporaz se réveille en sursaut dans le train. Autour de lui : sa femme, l'inconnue tentatrice et deux autres personnages de ses cauchemars.

« La femme comme une obsession magnifique. Comme un rêve impossible, comme une promesse et simultanément comme une menace. À travers le voyage de son alter ego Snaporaz (Mastroianni), Fellini opère une plongée dans le mystère de la féminité, au milieu de Femmes Provocantes, de Femmes Guerrières, de Femmes Guérisseuses, de Femmes Castratrices. Féministe ou antiféministe ? Peut-être l’un et l’autre à la fois. Car pour Fellini la Femme est domina et l’Homme ne peut que lui être soumis. C’est ce que montre le parcours de Katzone, le mâle convaincu de pouvoir dominer mais qui est en réalité sous l’emprise de la puissance féminine. C’est sans aucun doute l’un des films les plus visionnaires et visuellement puissants de la filmographie fellinienne, une œuvre visuelle hypertrophiée et ambiguë, baroque et fuyante, excitée et effrayée, d’où affleure la crainte inavouable (de Snaporaz et de son créateur-demiurge) de ne plus être en mesure de se confronter à ce que la femme est en train de devenir et - peut-être - ce qu’elle est déjà. »
Source Gianni Canova, critique cinématographique et historien du cinéma, Rétrospective Fellini, Festival Villerupt, 2018.