Description

Présentation par Pedro Almodóvar de la sélection de sept films que l'Institut Lumière lui a demandé de sélectionner pour rendre hommage au cinéma espagnol.

[Extrait de la présentation de Pedro Almodovar]
Avec cette sélection de sept films qui entend rendre hommage au cinéma espagnol, j’ai voulu d’abord proposer des œuvres qui ont résisté à l’épreuve du temps et prouvé de fait leur valeur esthétique. J’ai souhaité également montrer au public du festival Lumière des films dont la notoriété n’a guère dépassé nos frontières. Pour la plupart tournés à l’époque de la dictature franquiste, ils ont su, en plus d’être de beaux films, contourner avec ingéniosité les règles de la censure de l’Église et de l’état, qui étaient aussi absurdes que féroces.Deux des films les plus connus hors d’Espagne, Le Bourreau (El verdugo) de Luis García Berlanga et L’Esprit de la ruche (El espíritu de la colmena) de Victor Erice, ont employé chacun leur propre manière, radicalement différente mais tout aussi efficace, pour duper les censeurs. Le film d’Erice est un chef-d’œuvre de codes et de signes symboliques. Celui de Berlanga est une comédie sociale (une « costumbrista ») qui s’apparente au néoréalisme italien. La censure n’a pas saisi la réelle portée de ces deux films. Le Bourreau est joué par le merveilleux José Isbert, qui était un peu le grand-père espagnol idéal dans la comédie populaire de l’époque, un vieil homme charmant, parfait en tous points, attentif à sa famille, avec une seule exigence vis-à-vis de son gendre : qu’il travaille et nourrisse sa fille et son petit-fils. Tout le monde peut s’identifier à ça. Mystifiés par la sympathie suscitée par le film, les censeurs n’ont pas remarqué qu’il était un violent plaidoyer contre la peine de mort. L’Espagne était alors un régime totalitaire et le film accusait directement l’État – qui continuait à garrotter les condamnés – de comportement criminel. Ceux qui œuvraient à la censure se sont fait berner et sont passés totalement à côté de sa vraie nature. Dans un pays civilisé, Le Bourreau aurait été considéré comme un chef-d’œuvre. Dans l’Espagne de 1963, sa valeur est encore plus grande. Le pouvoir a « découvert » le film lors du Festival de Venise où il a remporté le Prix Fipresci de la critique. Et cette censure dont il n’avait pas encore été victime, le film a dû l’affronter à son retour en Espagne. Mais c’est une autre histoire que Rafael Azcona et Luis García Berlanga auraient eux-mêmes pu inventer s’ils ne l’avaient pas vécu.

Table des matières

Films choisis et présentés par le cinéaste
Le Bourreau (El verdugo) de Luis García Berlanga  L’Esprit de la ruche (El espíritu de la colmena) de Victor Erice
Embrujo de Carlos Serrano de Osma (1948)
Furtivos de José Luis Borau (1975)
Arrebato d’Ivan Zulueta (1979)
El extraño viaje de Fernando Fernan Gomez (1964)
Grand-rue (Calle Mayor)de  Juan Antonio Bardem, (1956)

Titre

Hommage au cinéma espagnol par Pedro Almodóvar

Éditeur

Institut Lumière, Lyon (FR)

Langue

Format

Site web

Source

Lire sur institut-lumiere.org (consulté le 7 juillet 2023)

Droits

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