Luxe, calme et volupté
Description
"À Saint-Tropez j’ai fait la connaissance de Signac et de Cross, théoriciens du Divisionnisme. C’est en leur compagnie que j’ai travaillé à mon tableau La Terrasse à Saint-Tropez, qui représente en fait le hangar à canots de la maison de Signac, La Hune. J’ai aussi peint la grande composition intitulée Luxe, calme et volupté […] ; c’est une toile faite avec les pures couleurs de l’arc-en-ciel. Toutes les toiles de cette école [le Divisionnisme] produisaient le même effet : un peu de rose, un peu de bleu, un peu de vert ; une palette très limitée avec laquelle je ne me sentais pas très à l’aise", Henri Matisse, Écrits et propos sur l’art, Paris, Hermann, 1972, p. 115.
Théoricien du divisionnisme, défenseur du pointillisme avant de se consacrer à l’aquarelle, Paul Signac est un peintre majeur de la fin du 19ème siècle dans la mouvance post-impressionniste…
Le terme de « néo-impressionnisme » est employé pour la première fois par le critique d’art Félix Fénéon suite à l’exposition des divisionnistes (Seurat, Signac, Pissaro) en 1886. Après la mort de Seurat, Paul Signac devient ainsi le fer de lance de ce courant pointilliste qui ne mélange pas les couleurs sur la palette : c’est l’œil qui réalise le mélange entre une touche de rouge et une touche de bleu pour obtenir un violet... Comme des pixels ! Mais la technique est particulièrement exigeante au point qu’on ne connaît qu’une douzaine de grands tableaux de Georges Seurat, les autres œuvres n’étant que des dessins préparatoires !
Le pointillisme (et encore plus le divisionnisme) imaginé par Georges Seurat et théorisé par Paul Signac, cherche à justifier sa technique par les courants scientifiques qui émergent à la fin du 19ème siècle, en créant un groupe d’artistes avant-gardistes : Pissaro, Luce, Verhaeren, van Rysselberghe, Van de Velde... Pour la plupart, ce sont des peintres engagés politiquement, souvent dans la mouvance anarchiste. Co-fondateur de la Société des Artistes Indépendants avec Seurat, Signac écrit un livre capital « D’Eugène Delacroix au néo-impressionnisme», manifeste qui est publié en Allemagne avant d’être édité en France, pour expliquer cette nouvelle peinture.
C’est en 1880, dans une exposition de tableaux de Claude Monet, que Signac a le déclic. Ému par les petites touches de pinceau du maître impressionniste qui recréent « les gares, les bateaux, les rues pavoisées », le jeune peintre décide de se consacrer comme lui aux paysages et aux scènes de plein air. Passionné par la mer et la navigation, lui aussi veut créer une peinture vibrante et lumineuse. Mais la technique employée sera différente… Pour lui, la « virgule » des impressionnistes, touche enlevée bien adaptée aux sensations fugitives, est le stade transitoire entre la hachure romantique de Delacroix et sa propre technique : la touche divisionniste.
Titre
Luxe, calme et volupté
Créateur
Date
1904
Place
Source
Droits
Non libre de droits