Description

[Extrait]
Fredrika Bremer (1801-1865) est déjà une romancière reconnue lorsqu’elle entreprend le périple qui fait le sujet de cet article. Cette femme de lettres suédoise est notamment appréciée du public anglais, qui connaît ses œuvres par l’intermédiaire de sa traductrice et amie, Mary Howitt, elle-même romancière prolifique. Le récit de son séjour aux États-Unis en 1849 a notamment été très commenté1. L’itinéraire commence en 1856 comme un classique Grand Tour continental, passant par la France et la Suisse, avant de gagner l’Italie, ses vestiges de l’Antiquité et son riche patrimoine artistique. Elle va assister à un congrès à Bruxelles, passe à Paris, et de mars à septembre 1857 elle réside à Genève d’où elle part pour l’Italie, terminant son itinéraire à Palerme en novembre 1858. Life in the Old World, sorti en 1860, couvre donc la Suisse et l’Italie. Il connut une deuxième édition sous le titre Two years in Switzerland and Italy (Londres, Hurst and Blackett, 2 vol., 1861)2, mais sans changement notable quant au contenu. Pour les volumes suivants, elle reprit le voyage là où elle l’avait laissé, c’est-à-dire en Sicile, au départ de Messine vers la Méditerranée orientale et la Palestine, en décembre 1858. Après avoir fait escale à Malte, elle se rendit à Alexandrie mais choisit finalement de ne pas y aborder, par crainte qu’un contact avec l’épidémie de peste qui sévissait là-bas lui vaille de subir ensuite de longues et incommodes quarantaines. Elle repartit donc directement pour Jaffa, d’où elle commença son séjour en Terre Sainte, avant de gagner Istanbul à la fin de l’année 1859, puis de rentrer. Elle publia donc dès 1862 son volume sur la Terre Sainte, intitulé très banalement Travels in the Holy Land, et le fera suivre d’un autre volume sur la Grèce en 1863 [Travels in the Holy Land, 2 vol., Londres, Hurst & Blackett, 1862.].
Dans l’ensemble, donc, le témoignage de Bremer sur le monde méditerranéen se distingue peu de la tonalité dominante des textes du milieu du siècle. Le regard est, à de rares exceptions, d’orientation un peu condescendante, et dissimule mal le préjugé impérialiste qui imprègne la voyageuse. Ni son extériorité (puisqu’elle ne vient pas d’un foyer de la civilisation européenne comme la France, l’Allemagne ou la Grande-Bretagne mais du Grand Nord, d’une région marginale), ni sa féminité ne lui permettent, in fine, de prendre suffisamment de distance et de donner un tableau vraiment original. Sa découverte du monde méditerranéen la renvoie au socle gréco-romain de la civilisation européenne, et aux apprentissages et redécouvertes que se doit de faire le voyageur cultivé de son temps. Puis c’est la quête des racines chrétiennes de l’Europe qui la saisit et qui dirige ses investigations, la Palestine des années 1850 (lendemains immédiats de la guerre de Crimée, pourtant, qui avait son origine dans la querelle des lieux saints) tendant à devenir un décor.

Table des matières

1. Comment écrire sur le Sud ?
2. Entre dépaysement et expérience de l’altérité
3. Absence des femmes ?
4. Le retournement vers une « relation orientale »

Collection

Documents Mer

Titre

Fredrika Bremer, femme du Nord et voyageuse du Sud. Une traversée de la Méditerranée, de la Sicile à la Terre Sainte en 1858-1859.

Titre Alternatif

in L'invention des midis

Éditeur

Presses universitaires de Strasbourg, Collection Sciences de l'histoire

Date

2015
19/09/2019 (publication numérique)

Langue

Format

pp. 91-105, 218 pages

Source

Openedition books (consulté le 7 mai 2024)

Droits

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