La saga des Pain, amour… un autre visage de l’Italie
Description
[Extrait]
Article écrit par Justin Kwedi
Une fameuse trilogie qui entre audace thématique et image d’Epinal contribua à changer le regard sur l’Italie de cinéma.
Pain, Amour et Fantaisie est certainement l’œuvre emblématique du courant « néo réalisme rose » en plus de constituer le premier film majeur de Luigi Comencini. Sa vision truculente, touchante et ensoleillée de l’Italie constituera l’idéal de l’imagerie du pays pour les spectateurs du monde entier en croisant habilement une vraie réalité et certains clichés. Le film est surtout le fruit d’un formidable travail collectif tant Vittorio De Sica aura vampirisé le film à travers son interprétation chaleureuse du carabinier, Comencini ayant imaginé un personnage plus antipathique dans un film plus incisif et sombre. Il faudra donc en grande partie attendre les films suivant de Comencini pour trouver pleinement le ton qu’on lui connaît au vu de la tournure qu’à pris le projet*. Le film est une plongée dans l’Italie rurale des années 50, où les mœurs se scrutent à l’aune du commérage et de la piété religieuse, le climat moralisateur oppressant se ressentant sous l’angle de l’humour. De Sica se retrouve ainsi transféré dans ce coin perdu sinistre pour un célibataire où les coutumes et les non-dits entraînent une série de quiproquos qui vont mener à un marivaudage charmant. De Sica passe ainsi de la pulpeuse Gina Lollobrigida à la douce Maria Merlini au fil de l’histoire sous le regard curieux des villageois adorant colporter les rumeurs. Les soupçons de néo réalisme sont toujours là, l’humour ayant remplacé la tragédie dans certains moments : la misère dans laquelle vit la famille de Gina Lollobrigida, la réaction en chaîne que provoque la trouvaille d’un billet de 5000 lires ou encore tout le village priant la mort du riche propriétaire de la région quand il vient à se trouver mal. Le tout s’englobe parfaitement dans le tourbillon amoureux du film et notamment la charmante amourette parallèle entre Gina Lollobrigida et un jeune carabinier timide. Lollobrida en paysanne rustre débordant de sex-appeal crève l’écran, l’exubérance et l’authenticité typiquement italiennes côtoyant une beauté « plastique » que Comencini se plait à mettre en valeur, la future diva se dessinant peu à peu sous les atours de paysanne. Quelques scènes sont remarquables tel ce moment De Sica conte fleurette à Merlini entre deux accouchements, les remerciements exaltés à Saint Antoine et une très jolie fin qui met à mal un certains tabous de l’époque en parlant d’une fille mère. Un énorme succès qui entraînera deux suites, difficile à imaginer tant celui-ci se termine idéalement mais l’ambiance bucolique est tellement agréable qu’on a effectivement envie d’y revenir.
Table des matières
Pain amour et fantaisie : charme et authenticité
Pain, amour et jalousie : Redite inventive
Pain, amour ainsi soit-il : la formule s’essouffle
Contenus liés
Italie |
20e siècle |
Titre
La saga des Pain, amour… un autre visage de l’Italie
Créateur
Langue
Place
Couverture temporelle
Format
Site web
Source
Iletaitunefoislecinema.com (consulté le 1er juillet 2024)
Droits
Non libre de droits