Description

Recension. Article scientifique dans Revue.
[Extrait]
Napoli è Napoli ». Qui a déjà arpenté les rues de Naples et s’intéresse à l’histoire de l’opéra trouvera de multiples raisons de se réjouir de la lecture de l’ouvrage de Mélanie Traversier, neuf et brillamment orchestré. Issu d’une thèse de doctorat préparée sous la direction de Gilles Bertrand et soutenu en 2005 à l’université Pierre-Mendès France, Gouverner l’opéra ambitionne une histoire politique de la musique à Naples de 1767 à 1815 tout en prêtant en réalité une attention certaine à l’esprit musical napolitain depuis les années 1720. Publié dans la fameuse mais néanmoins austère collection de l’École française de Rome, ce volume rend compte de la minutieuse enquête menée par l’une des spécialistes de l’histoire culturelle et politique de l’Italie au siècle des Lumières, par ailleurs déjà co-directrice de Mélodies urbaines. La musique dans les villes d’Europe (xvie-xviiie siècles) (Paris, Presses Universitaires de la Sorbonne, 2008). Mélanie Traversier n’entend pas reconstituer la vie théâtrale napolitaine à l’âge d’or de l’Illuminismo de Ferdinand IV, de la courte république et du decenno francese des Napoléonides mais bien interroger l’histoire des relations entre l’opéra et le pouvoir. Participant au profond renouvellement historiographique engagé depuis une vingtaine d’années, faisant très habilement dialoguer l’historien et le musicologue, l’auteur éclaire autant l’histoire de la musique qu’elle contribue à l’histoire de Naples, de l’État royal méridional et de son action. Son immersion dans les archives de la Deputazione et Sopraintendenza dei Teatri et surtout de celles du Stato di Napoli lui ont permis de réunir les consulte de l’Udienza Generale, traitant des affaires impliquant les professionnels du spectacle durant trente-quatre années consécutives, ainsi que l’abondante production des autorités théâtrales royales et des institutions dramatiques mises en place par la monarchie napoléonienne. La presse, lacunaire sous les Bourbons mais continue sous les Napoléonides, et l’iconographie, rare et précieuse, complètent un riche corpus aux côtés de nombreuses correspondances, de journaux intimes – et notamment les pages inestimables de ceux de Ferdinand IV et de la reine Marie-Caroline –, d’une trentaine d’ouvrages théoriques sur l’opéra et d’autant de récits de voyage de contemporains éclairés – Coyer, Duclos, Jones, Kotzebue, Lalande, Saint-Non, Swinburne ou encore Vasi. S’émancipant des schémas interprétatifs franco-français, l’auteur revisite avec habilité les temps et les espaces de l’opéra napolitain et réussit, à travers son prisme, à lire les enjeux idéologiques et politiques de l’action de l’État méridional.

Collection

Documents Villes

Titre

Gouverner l'opéra. Une histoire politique de la musique à Naples, 1767‑1815

Titre Alternatif

in Annales historiques de la Révolution française 2011/1, n° 363

Créateur

Éditeur

Paris, Armand Colin

Langue

Format

Article scientifique, pp. 208 - 211 /228

Identifiant

https://doi.org/10.4000/ahrf.11988

Source

www.cairn.info (Mis en ligne sur Cairn.info le 27/06/2011, consulté le 8 juillet 2024)

Droits

Non libre de droits