Description

[Extrait]
Par Michel Abescat ( journaliste, critique littéraire au Monde.)
Comment faisait-il Jean-Claude Izzo pour écrire des romans noirs si lumineux ? Pour vous faire passer, d’une phrase à l’autre, par toutes les couleurs de l’émotion ? Avec cet art de vous faire toucher des yeux l’infinie variété des bleus de la mer et du ciel pour oublier le crépuscule qui monte et la mort qui menace. Sans doute était-elle là, la raison de l’extraordinaire succès de son flic au nom de poète italien, Fabio Montale, qui lui ressemblait comme un frère. Dans ce mariage du noir et du bleu, du polar et de la poésie, de la lucidité et de l’utopie, dans ce glissement sensible, à l’intérieur du même paragraphe, de la “saloperie” du monde à la beauté de la vie. Dans cette façon de rester toujours, les pieds sur terre, la tête dans les étoiles, à hauteur d’homme. Voilà pourquoi l’émotion que suscitait Jean-Claude Izzo était universelle. A mille lieues des vaines querelles entre littérature noire et littérature blanche. Ou d’une improbable “école marseillaise du roman noir” dont se réclament aujourd’hui ceux qui, engouffrés dans son sillage, imaginent qu’il suffit d’un doigt de pastis et de trois mots de dialecte pour rendre compte d’une ville et d’une culture.
Loin du folklore et du régionalisme, Jean-Claude Izzo avait su faire de Marseille “la dernière escale du monde”, la métaphore d’une planète où l’ensemble des hommes font figure d’exilés. Un monde d’une violence impitoyable, plus que jamais dominé par la loi du plus fort. Avec un singulier talent pour exprimer les peurs et les angoisses de cette fin de siècle. Les repères qui basculent. L’incertitude de l’avenir.

Table des matières

Titre

Hommage à Jean-Claude Izzo

Titre Alternatif

in Revue "La pensée de midi"

Créateur

Éditeur

La pensée de Midi

Date

2000/1 N° 1

Langue

Format

pp. 168 à 180

Source

cairn.info (consulté le 19 septembre 2024)