Locus amoenus-locus horridus : les représentations du
paysage en Espagne au Siècle d’Or dans les textes et les
images

Description

[Extrait]
Depuis plusieurs décennies, le paysage se trouve au cœur des réflexions sur l’Histoire
de la culture, dans son sens le plus large. Au XXIe siècle, il est particulièrement étudié et abordé sous divers angles. Au Siècle d’Or espagnol, du XVIe au XVIIe siècle, une évolution du traitement littéraire, artistique mais aussi théorique du paysage invite à considérer ses valeurs, ses intérêts mais aussi ses fonctions et conséquences dans la représentation mentale et concrète des écrivains, artistes et théoriciens. Le sujet ne peut être travaillé de manière exhaustive, c’est pourquoi cette thèse ne pouvant prétendre embrasser une telle problématique en quelques centaines de pages, relève de choix précis et pertinents. Ces choix sont dictés par le souci de démontrer et de signifier. Il y a environ un demi-siècle, la géographie, l’histoire de l’art, la sociologie, l’écologie ou les recherches environnementales ne prenaient que très peu en compte
la dimension du paysage. Aujourd’hui, le paysage, devenu un genre mais aussi une notion, peut être compris soit de manière concrète et tangible, soit en tant qu’image mentale. Paysagiste n’est plus seulement associé à un terme qui se rapporte à la réalité d’un genre pictural mais renvoie aussi à un métier favorisant l’aménagement extérieur d’espaces naturels. L’évolution du paysage marque donc un changement de l’objet à sa représentation et traduit donc l’évolution du rapport entre l’Homme et la nature vers une mise en forme et une articulation des idées, des textes et des images. Dans l’histoire des représentations, le paysage est apparu dans les fresques antiques, dans les miniatures médiévales puis à la Renaissance dans les œuvres de peinture lorsque l’Homme, au centre de la création, redécouvre l’Antiquité et acquiert une nouvelle
sensibilité paysagère1, développant ainsi des formes nouvelles. Si le paysage est une
construction culturelle, il reste à en dégager l’origine, à approfondir la spécificité, les points fort et les influences, dans le puissant mouvement créatif qui caractérise le Siècle d’Or espagnol.
Plusieurs approches écosystémiques et sensibles sur la gestion et la valorisation du patrimoine ont déjà mis en exergue la notion de paysage, mais la perspective de cette étude sera différente. Il s’agira en effet d’aborder une conception idéologique et culturelle du paysage, doublé d’un regard sur la manière dont les hommes en ont entrepris les représentations, principalement dans l’Espagne de la période moderne. Du point de vue littéraire ou artistique émerge une conception du paysage optimiste, rassurante et protectrice, voire idéale, répondant aux désirs profonds des
Hommes en plein tourments socio-politiques.