Au-delà du Grand Tour : Corinne ou le “méridionisme” staëlien
Description
[Résumé]
La réception de Corinne, au début du XIXe siècle, confirme le salutaire renouvellement de l’image italienne : aux stéréotypes dégradants figés par le Grand Tour, le roman staëlien oppose un miroir stimulant et un regard positif sur l’Italie. En plein « risorgimento », la jeune nation y trouve une réflexion sur son histoire, une valorisation des caractères du sud et une promesse d’avenir qui substitue au spectacle des ruines la mélancolie romantique et l’énergie politique.
[Extrait]
Le célèbre discours d’Ugo Foscolo à l’Université de Pavie en 1809, "Dell’origine e dell’officio della letteratura", dans lequel il « exhortait aux histoires » les (futurs) italiens, contenait aussi une polémique acharnée contre la vision stéréotypée de l’Italie véhiculée par la littérature de voyage. La référence à Corinne ou l’Italie, paru la même année que les Sepolcri en 1807, reste ici sous-jacente, mais elle apparaît ensuite de manière bien plus significative dans sa production littéraire. Ses lettres témoignent déjà d’une lecture attentive du roman staëlien entre 1816 et 1817 ; dans sa correspondance anglaise, massive, complexe, mais passionnante pour l’historiographie littéraire, il propose, à travers un discours antiphrastique et satirique, une confrontation entre l’Italie et l’Angleterre qui approfondit précisément la dramatisation mise en scène par Staël dans son roman. Il s’agit d’un précieux indice pour mesurer la notoriété de l’écrivaine de Coppet. Dans les premières décennies du XIXe siècle en effet, alors que son célèbre article dans la Biblioteca Italiana déclenche la polémique entre les classiques et les romantiques en Italie, Germaine de Staël s’affirme aussi et surtout comme la « dernière héritière triomphante du Grand Tour » et l’auteur du roman-voyage italien. Corinne devient immédiatement un repère, fût-ce pour battre en brèche les clichés. Le récit désarme en effet le « soupçon permanent de calomnie » contre le ‘bel paese’ et le « sentiment de frustration et de revanche » qu’inspirent aux Italiens les descriptions faites par les étrangers, mais il conserve toutefois – jusque dans ses exagérations positives – de nombreuses images figées que les Italiens n’apprécient pas.Visitate l’Italia ! O amabile Terra ! O tempio di Venere e delle Muse ! E come ti dipingono i viaggiatori che ostentano di celebrarti ! Come t’umiliano gli stranieri che presumono d’ammaestrarti ! Ma chi può meglio descriverti di chi è nato per vedere fin ch’ei vive la tua beltà ? (Foscolo, Ugo, Dell’origine e dell’ufficio della letteratura, par Enzo Neppi, Florence, Olschki, 2005, p. 134.)
Table des matières
Collection
Contenus liés
18e siècle |
19e siècle |
Italie |
GRAND TOUR |
Staël, Madame de (1766-1817) |
Titre
Au-delà du Grand Tour : Corinne ou le “méridionisme” staëlien
Titre Alternatif
Créateur
Éditeur
Revue Cahiers Staëliens
Date
2019
Langue
Format
N° 69, pp. 47-60
Source
Article complet: https://cahiersstaeliens.edinum.org (consulté le 24 novembre 2024)
Numéro 69 https://cahiersstaeliens.edinum.org (consulté le 24 novembre 2024)
Droits
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