Description

En 1832, le peintre Eugène Delacroix entreprend, aux côtés d'une mission diplomatique française conduite par le comte de Mornay, un voyage qui les conduira de Tanger à Meknès. L'objectif est de rencontrer le sultan Moulay Abd er-Rahman et d'obtenir que le Maroc reste neutre sur le territoire algérien récemment conquis par la France.
Voyage charnière et initiatique dans l'œuvre créative de Delacroix, il révèle un autre univers culturel à l'Europe et ouvre la porte à ceux que l'on appellera les Orientalistes. Cette aventure va durer deux mois et demi, dont dix jours de chevauchée à travers des populations et des paysages qui émerveillent le peintre et nourrissent à la fois carnets de dessins et récits de route.
Le documentaire a choisi de mettre ses pas, de Tanger à Meknès, dans ceux de Delacroix, guidés par ses carnets, mais aussi les grandes toiles qu'il composera à son retour (la Noce juive, le Sultan du Maroc, les scènes de fantasia...). Lors de son voyage au Maroc, esprit ouvert doté d’une curiosité insatiable, Delacroix note frénétiquement dans ses carnets tous les détails qui le saisissent, toutes les indications dont il aura besoin pour ses futures toiles. Il avance en terre inconnue à la manière d'un reporter “embarqué” au sein d'une mission diplomatique qui dicte la route et les exigences ; lui, choisissant dès qu'il le peut de mener ses propres expériences et escapades. “Ah que je voudrais revenir dans cent ans pour voir ce que l'on pensera de moi...” Faisant écho à son souhait, “Sur les Docks” donne à voir ce qu'est le Maroc de 2015 sur la route empruntée en 1832, entre tradition et modernité. Tanger, porte d'entrée de l'Atlantique et Meknès, ville impériale ismaélite du XVIIème siècle figurent de nos jours parmi les étapes incontournables d'une visite touristique "ordinaire" même si , sur la route qui les relie, c'est un Maroc plus intime, parfois plus sauvage qui prend vie dans les carnets de Delacroix.

Le voyage en Afrique du Nord (fin janvier à juillet 1832)
En 1831, Eugène Delacroix accompagne pendant sept mois la mission diplomatique que Louis-Philippe a confié à Charles-Edgar, comte de Mornay (1803-1878) auprès du sultan du Maroc Moulay Abd er-Rahman (1778119-1859). Mornay doit porter un message de paix et rassurer le Sultan et les britanniques, inquiets après la conquête de l'Algérie par la France.
Ce voyage marque profondément le peintre. Delacroix découvre l'Andalousie espagnole et l'Afrique du Nord, le Maroc, et l'Algérie : leurs paysages, leurs architectures, leurs populations tant musulmanes que juives leurs mœurs, leurs arts de vivre et costumes. Le peintre note inlassablement, réalise des dessins et aquarelles, qui constituent un des premiers carnets de voyage où il décrit ce qu'il découvre. Ce voyage est primordial pour sa technique et son esthétique. Il en rapporte sept carnets constituant son journal de voyage, dont seulement quatre sont conservés.
Par la suite tout au long de sa vie, il reviendra régulièrement au thème marocain dans plus de quatre-vingts peintures sur des thèmes « orientaux », notamment Les Femmes d'Alger dans leur appartement (1834, musée du Louvre), La Noce juive au Maroc (1841, musée du Louvre), Le Sultan du Maroc (1845, musée des Augustins de Toulouse). Ce voyage qu'il a entrepris à ses frais permet à Delacroix, qui n'a jamais été en Italie, de retrouver « l’Antiquité vivante ».
La lettre qu’il adresse à Jean-Baptiste Pierret le 29 janvier, est très éloquente à ce sujet : « Imagine mon ami ce que c’est que de voir couchés au soleil, se promenant dans les rues, raccommodant des savates, des personnages consulaires, des Caton, des Brutus, auxquels il ne manque même pas l’air dédaigneux que devaient avoir les maîtres du monde »…