Description

[Extraits]
"L’année où Onofre Bouvila arriva à Barcelone, la ville était en pleine fièvre de rénovation. Cette ville est située dans la cuvette que ménagent les montagnes de la chaîne côtière lorsqu’elles se retirent un peu vers l’intérieur, entre Malgrat et Garraf, formant ainsi une espèce d’amphithéâtre. Le climat y est doux et sans contraste marqué : les ciels sont ordinairement clairs et lumineux ; les rares nuages, blancs [...]. Bien que sujette à controverses, l’opinion dominante attribue aux Phéniciens la première et seconde fondation de Barcelone. Au moins savons-nous qu’elle entre dans l’histoire comme colonie de Carthage, alliée de Sidon et de Tyr. Il est prouvé que les éléphants d’Hannibal, en route pour les Alpes où le froid et le relief les décimeraient, s’arrêtèrent pour boire et s’ébattre sur les rives du Besos et du Llobregat [...]. Aux Phéniciens succédèrent les grecs et les Layétans. Le passage des premiers laissa des résidus artisanaux, aux seconds nous sommes redevables de deux traits distinctifs de la race [...]. En fin de compte, ce sont les Romains qui donnent à Barcelone son caractère de ville, la modelant de façon définitive : cette façon, qu’il serait superflu de détailler, marquera son évolution postérieure." Op. cit., pp. 7-8.

"Bien que ce fût déjà un lieu commun, à la fin du XIXe siècle, de dire que Barcelone vivait "dos tourné à la mer", la réalité quotidienne ne corroborait pas cette affirmation. Barcelone avait toujours été et demeurait à l’époque une ville portuaire:elle avait vécu de la mer et pour la mer;elle se nourrissait de la mer et lui confiait le fruit de ses travaux ; c’est à la mer qu’allaient les pas qui foulaient les rues de Barcelone, c’est par la mer qu’elle communiquait avec le reste du monde ; de la mer venaient l’air et le climat, les senteurs pas toujours exquises, l’humidité et le sel qui corrodaient les murs ; le bruit de la mer berçait les siestes des Barcelonais, les sirènes des bateaux scandaient l’écoulement du temps, et le cri des mouettes, triste et aigre [...]. La couleur des maisons et des places de Barcelone était le blanc aveuglant de la mer des beaux jours, le gris opaque des jours de tempête." Op. cit., p.17.

Collection

Documents Villes

Titre

La ville des prodiges [Extraits]

Éditeur

Éditions du Seuil (Paris)

Date

1988 (première édition française)

Langue

Droits

Non libre de droits