Le Cortège des Mages

Description

La fresque de Benozzo Gozzoli représentant le cortège des rois Mages se trouve dans la chapelle privée du palais Médicis, situé dans l’ancienne Via Larga de Florence (aujourd’hui Via de’ Martelli). Le Palais, conçu entre 1445 et 1457 par Michelozzo, l’architecte de Cosme l’Ancien, le chef de la dynastie, abrite ce lieu de culte de dimension modeste utilisé aussi bien pour la messe quotidienne que pour recevoir des hôtes illustres ; ainsi les ambassadeurs de leurs alliés ou d’autres puissances étrangères y sont-ils accueillis par la famille florentine comme le fut Galeazzo Maria Sforza, fils du duc de Milan, en 1459, après une longue inimitié avec la ville du Lys. C’est Benozzo Gozzoli qui assume la charge de la décoration murale entre 1459 et 1462, commanditée par Cosme l’Ancien et supervisée par son fils Pierre le Goutteux.

Outre le passage d’une comète en 1456, décisive dans le choix du thème exposé sur les murs de la chapelle Médicis puisque suscitant de nombreuses interrogations chez les intellectuels, le sujet des trois mages orientaux qui resurgit n’est pas anodin : ceux-ci acquièrent très tôt une importance non négligeable à Florence lorsque est créée la Confrérie des Mages, promus saints patrons de la ville après saint Jean-Baptiste. Mention est faite de processions le jour de l’Épiphanie dès 1390 depuis le couvent dominicain de Saint-Marc jusqu’au Baptistère (il s’agit de la cavalcata, célébrée encore de nos jours). La Compagnie florentine des Mages, qui compte parmi ses membres la plupart des représentants de l’élite de la ville, est chargée de préparer des festivités tous les trois ans ; malgré une interruption en 1419 à cause des violences suscitées par les jeunes gens lors des tournois et des chasses, les manifestations reprennent en 1429 sur la Via Larga : déjà laïcisé, le parcours a perdu de sa sacralité, à l’instar de la Confrérie qui, revêtant en principe une charge religieuse et sociale, devient plus tard soumise à la famille Médicis et constitue un instrument de leur pouvoir. Par-delà la revendication implicite de la première place au sein de la ville, les Médicis affirment une hégémonie intellectuelle en se faisant les héritiers des différents empires de l’Histoire du monde.