Description

Extrait :

En 1917, Matisse est à l'Estaque, traînant une pneumonie. On lui conseille Menton. Bloqué par un déluge, il s'arrête à Nice - qu'il a vu vaguement, en 1905. Sa chambre au Beau Rivage est loin des quatre étoiles actuels. Henri veut rentrer. Mais sur le chemin de la gare du PLM, désarmant comme un sourire, le soleil se montre enfin. Accro, en un éclair, à cette lumière qui crie, le peintre reste. Visitant à Cagnes un Renoir perclus de goutte dans sa chaise roulante, il n'y voit que l'image du bonheur.

La même année, l'entrée en guerre des Américains contre les Allemands a changé la promenade du Midi en quai des États-Unis. Au 105, Matisse prend un bail de trois mois pour ce qui devient son atelier. Il loge plus haut, sur la promenade des Anglais, feu l'hôtel de la Méditerranée, à droite du Westminster, qui lui a survécu. Il peint sa "Tempête à Nice" depuis le balcon, dont on reconnaît les balustres sur "Intérieur à la boîte à violon". Comme son confrère Ingres, il joue de l'archet dès qu'il a du temps libre.

En 1921, il troque la baie des Anges pour cet immeuble baroque et couleur miel, au fond du cours Saleya, marché et forum des vieux Nissarts. Le fauve pose son chevalet au troisième étage. Le décor rougeoyant d'"Intérieur au Phonographe" (1924) lui rappelant le Maroc, ses modèles italiens se muent en odalisques. L'espace manque. Il déménage au quatrième.

Titre

Nice avec Matisse

Éditeur

Les Échos (périodique)

Date

2013

Langue

Source

Les Échos (consulté le 31/03/2020)

Droits

Non libre de droits

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