Description

[Extrait]
« L’eau douce à Oran. Lumière d’Afrique :avide flamboiement qui brûle le cœur. J’étais trop jeune. »Albert Camus, Carnets(1)
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On le voit, le lien avec l’Algérie est bien un lien charnel, sensuel, qui passe nécessairement par le corps. On retrouve d’ailleurs de nombreux passages de scènes de nage dans les romans de Camus, que ce soit dans L’Étranger ou dans La Peste. Dans ce dernier, il s’agit du récit d’une sorte de parenthèse enchantée pour Rieux et Tarrou, qui vont partager ce qu’ils qualifient « d’heure de l’amitié », leur per-mettant un véritable échange, une confession intime. Pour sceller celle-ci, ils décident de « prendre un bain de mer » : tournant alors le dos à la ville, à la peste qui fait rage, à leur combat quotidien, ils se rendent sur la jetée. Là aussi la mer sera personnifiée :

« Elle sifflait doucement au pied des grands blocs de la jetée et, comme ils les gravissaient, elle leur appa-rut, épaisse comme du velours, souple et lisse comme une bête. Ils s’installèrent sur les rochers tournés vers le large. Les eaux se gonflaient et redescendaient lente-ment. Cette respiration calme de la mer faisait naître et disparaître des reflets huileux à la surface des eaux. Devant eux, la nuit était sans limites. Rieux, qui sentait sous ses doigts le visage grêlé des rochers, était plein d’un étrange bonheur. Tourné vers Tarrou, il devina, sur le visage calme et grave de son ami, ce même bon-heur, qui n’oubliait rien, pas même l’assassinat. »

Titre

L'Algérie ou la terre brûlante de Camus

Titre Alternatif

in L’algérie et nous,

Créateur

Éditeur

Revue des deux Mondes, septembre 2019;

Date

09/2019

Langue

Place

Couverture temporelle

Sujet

Camus et l'Algérie

Format

pp. 75 - 81