Description

(Extrait)

"La Sicile tout entière, et parfois sans grand discernement entre les spécificités d’une littérature orientale et occidentale, est associée dans l’imaginaire collectif à la mort violente, aux crimes de mafia au point qu’aujourd’hui, la jeune génération des écrivains palermitains s’exprimant dans la revue Segno en 2005, s’accordait à reconnaître, tout en cherchant à stéréotype, choix formel et déclinaison thématique obligée pour qui souhaite
vendre et émerger sur la scène littéraire nationale. En d’autres termes, est-il
possible d’écrire aujourd’hui en Sicile sans écrire sur la Sicile mafieuse ? Précisons qu’il ne s’agit pas de nier l’existence du phénomène social et
anthropologique, comportement que Carlo Levi a condamné en son temps, soulignant combien l’attitude négationniste était alors fort répandue, dans un manuscrit inédit daté du 18 août 19604 en ouverture duquel il écrivait : « Qu’est-ce que la mafia ? » « La mafia ? Mais cela n’existe pas. »
D’autre part, l’on ne peut ignorer l’héritage culturel d’un auteur comme Leonardo Sciascia, disciple de l’esprit des Lumières, qui dès ses premiers écrits, a placé son oeuvre sous le signe de la clarté, de l’intelligence et de la raison, dénonçant dès 1956 dans Le Parrocchie di Regalpetra les méfaits de la société italienne, choisissant par la suite un moyen d’expression tenant à la fois du roman, de l’enquête policière et de l’essai, pour aboutir aux apologues sur la Mafia, Il giorno della civetta de 1961 et A
ciascuno il suo de 1966, suivis des textes mettant en scène la corruption de la classe politique italienne, Il Contesto de 1971 et Todo modo de 1974. Il est notoire que Sciascia a fait de son île la métaphore  de l’Italie, ne cessant
de mettre sa plume au service d’une conscience civile et politique sans précédent."

Titre

Ecrire en Sicile après la disparition des pères: entre tradition, homologation et sicilianité.

Éditeur

Chroniques italiennes web 20

Date

(2/2011)

Langue

Droits

Non libre de droits