Description

Citations

« Lungo il molo, la riva, si stende la città, s’incunea nelle gole dei valloni, bassa, bianca, come di baracche, villaggio minerario o coloniale.
Città di luce e d’acqua, aerea e fuggente, riflessione e inganno, fatamorgana e sogno, ricordo e nostalgia. Messina non esiste. Esistono miti e leggende, memoria e attesa di sconquasso. Ma forse vi fu una città con questo nome perché disegni e piante riportano la falce di un porto con dentro galee che si dondolano, e mura, colli scanditi da torrenti, coronati da castelli, e case palazzi chiese porte… Del luogo dove si dice sia Messina non rimangono che pietre, meno di quelle d’Illio o di Micene, rimane un prato, in direzione della contrada Paradiso, su cui giacciono sparsi marmi, calcinati e rugginosi come ossa di Golgota o campo d’impiccati : angeli mutili, fastigi, rocchi, capitelli, stemmi… Tracce, prove d’una storia frantumata, d’una civiltà distrutta, d’uno stile umano cancellato. », Vincenzo Consolo, L’olivo e l’olivastro, Milan, Mondadori, 1994, p. 10-11.

« Le long du môle, le long du rivage, la ville s’étale, s’encoigne dans les gorges des vallons, basse, blanche, come faite de baraques, village minier ou colonial.
Ville de lumière et d’eau, aérienne et fuyante, réflexion et illusion, mirage et rêve, souvenir et nostalgie. Messine
n’existe pas. Il existe des mythes et des légendes, le souvenir et l’attente d’un désastre. Mais il y eut peut-être une ville de ce nom parce que dessins et plans rapportent la faucille d’un port avec en dedans des galères qui se bercent, et des murs, des collines scandées par des torrents, couronnées de châteaux, et des maisons et des palais et des églises et des portes… De l’endroit dont on dit qu’il s’agit de Messine, il ne reste que pierres, moins que celles d’Illion ou de Mycènes ; il reste un pré, en direction de la contrée Paradiso, sur lequel gisent épars des marbres, aussi calcinés et rouillés que des ossements du Golgotha ou un champ de pendus : anges mutilés, faîtes, blocs, chapiteaux, armoiries… Traces, preuves d’une histoire broyée, d’une civilisation détruite, d’un style humain effacé. », Vincenzo Consolo, Ruine immortelle, traduit de l’italien et postfacé par Jean-Paul Manganaro, Paris, Éditions du seuil, 1996, p. 12-13.

« [Andando a Lipari] Dal lastrico sul giardino verso il mare – il noce, l’arancio vaniglia, il melograno, il fico bìfero e il fico messinese, la palma e il banano, il mandarino e il cedro, il portogallo, il ficodindia e l’agave, l’edera e la vite sul muro della stalla, il gelsomino attorno all’arco, le siepi d’asparago, di mirto, la sènia sferragliante, l’asino cieco che gira all’infinito – dal lastrico si vedevano le isole. Ora remote, lievi, diafane come carta o lino, ferme o vaganti in mare, sospese in cielo, ora invisibili per cortine di nuvole o vapori, ora avanzanti, prossime alla costa, scabre e nitide, allarmanti – malo tempo, malo tempo ! -. Ed era sempre un mondo separato, remoto e ignoto. Talvolta vedeva alla marina pescatori liparoti, spinti sin là, costretti a tirar le barche sui parati, scalmi e stroppi rovinati, sostare per il mare grosso, scirocco o maestrale. », Vincenzo Consolo, L’olivo e l’olivastro, Milan, Mondadori, 1994, p. 29.

« En allant à Lipari] De la terrasse sur le jardin vers la mer – le noyer, l’oranger vanillé, le grenadier, le figuier à double floraison et le figuier de Messine, le palmier et le bananier, le mandarinier et le cèdre, l’oranger du Portugal, le figuier de Barbarie et l’agave, le lierre et la treille sur le mur de l’étable, le jasmin qui entoure l’arc, les haies d’asperges, de myrte, la noria au bruit de ferraille, l’âne aveugle qui tourne à l’infini -, de la terrasse on voyait les îles. Tantôt lointaine, légères, diaphanes comme le papier ou le lin, immobiles ou errantes dans la mer, suspendues dans le ciel, tantôt invisibles à cause de rideaux de nuages ou de vapeurs, tantôt avançant, proches de la côte, rudes et nettes, inquiétantes – mauvais temps, mauvais temps ! Et c’était toujours un monde à part, inconnu et lointain. Il voyait parfois sur le rivage des pêcheurs de Lipari, poussés jusque-là, obligés de tirer leurs barques sur les traverses, leurs tolets et estropes abîmés, s’arrêter en raison de la mer houleuse, sirocco ou mistral. » Vincenzo Consolo, Ruine immortelle, traduit de l’italien et postfacé par Jean-Paul Manganaro, Paris, Éditions du seuil, 1996, p. 35.

« Altre tempeste, altre eruzioni, piogge di ceneri e scorrere di lave, altre incursioni di corsari investirono e distrussero le sue Eolie, le Planctai, le isole lievi e trasparenti, sospese in cielo, ferme nel ricordo. », Vincenzo Consolo, L’olivo e l’olivastro, Milan, Mondadori, 1994, p. 32.

« D’autres tempêtes, d’autres éruptions, pluies de cendres, écoulement de laves, d’autres incursions de corsaires assaillirent et détruisirent ses îles Éoliennes, les Planctai, les îles légères et transparentes, suspendues dans le ciel, immobiles dans le souvenir. », Vincenzo Consolo, Ruine immortelle, traduit de l’italien et postfacé par Jean-Paul Manganaro, Paris, Éditions du seuil, 1996, p. 39.

« In Siracusa è scritta, come in ogni città d’antica gloria, la storia dell’umana civiltà e del suo tramonto.
Calava a Siracusa senza luna
La notte e l’acqua plumbea
E ferma nel suo fosso riappariva, Soli andavamo dentro la rovina,
Un cordaro si mosse dal remoto. », Vincenzo Consolo, L’olivo e l’olivastro, Milan, Mondadori, 1994, p.
84.

« En Syracuse est écrite, comme dans toute ville à l’ancienne gloire, l’histoire de la civilisation humaine et de son crépuscule.
A Syracuse la nuit descendait
Sans lune, l’eau plombée
Immobile reparaissait dans le fossé, Nous allions seuls parmi les ruines,
Un cordier loin s’avança1. », Vicenzo Consolo, Ruine immortelle, traduit de l’italien et postfacé par Jean-
Paul Manganaro, Paris, Éditions du seuil, 1996, p. 96.

« Al di là dei suoni, delle volatili parole, crede s’incarni il nome Siracusa, come per Maupassant, per Borghese e Vittorini, nel perlaceo corpo d’una donna, di Clementina o di Zobeida, della Venere che il viaggiatore vide, nel museo vecchio sopra il mare, illuminata nelle carni piene, il bacino, il torso che sbocciano gloriosi dalle pieghe del drappo fermato con la mano sopra il pube, dalla luce del sole che irrompe nella stanza. Si concretizza nella
ieratica, sfolgorante sagoma, surreale e crudele come un sogno, nel coltello infisso nella gola, negli occhi scerpati in mostra sopra la patena, nell’immagine di Lucia […]. S’alzano sopra i tetti e i lastrici solari di Siracusa bianca come l’Anadiomene che il riverbero del mare intiepida nel corpo suo sereno, svettano colonne, capitelli, timpani di templi e cattedrali. », Vincenzo Consolo, L’olivo e l’olivastro, Milan, Mondadori, 1994, p. 85-86.

« Au-delà des sons, des mots qui s’envolent, il croit que le nom de Syracuse s’incarne, comme pour Maupassant, pour Borgese et Vittorini, dans le corps de perle d’une femme, de Clémentine ou de Zobeïda, de la Vénus que le voyageur vit, dans le vieux musée sur la mer, pleine de lumière dans la plénitude de ses chairs, le bassin et torse glorieux qui s’épanouissent hors des plis du drap retenu avec la main au-dessus du pubis, de la lumière du soleil qui fait irruption dans la pièce. Elle se concrétise dans la silhouette hiératique, éclatante, aussi cruelle et surréelle qu’un rêve, dans le couteau planté dans la gorge, dans les yeux arrachés exposés au-dessus de la patène, dans l’image de Lucie […]. Colonnes et chapiteaux, tympans de temples et cathédrales se découpent et s’élèvent au- dessus des toits et des dalles solaires de Syracuse, aussi blanche que la Vénus Anadiomènes que la réverbération marine attiédit dans la sérénité de son corps. », Vincenzo Consolo, Ruine immortelle, traduit de l’italien et postfacé par Jean-Paul Manganaro, Paris, Éditions du seuil, 1996, p. 97-98.

« Al risveglio, non reppe più dov’era, non riconobbe subito il luogo, guardò smarrito la città oltre il porto, sull’isola, gravata di vapori, di caligini, capì dalle colonne, dagli alberi, dai velieri, i pescherecci, le petroliere che solcavano il mare, dal faro, dal Castello di Maniace, d’essere a Siracusa, all’imbocco del porto, di fronte al Mediterraneo. Si ricordò di quando, al di là del mare, andò con la sua compagna lungo la costa africana. », Vincenzo Consolo, L’olivo e l’olivastro, Milan, Mondadori, 1994, p. 103.

« A son réveil, il ne sut plus où il était, ne reconnut pas tout de suite l’endroit, regarda perdu la ville au-delà du port, sur l’île, alourdie par les vapeurs, les brumes de chaleur, comprit, en raison des colonnes, des arbres, des voiliers, des bateaux de pêche, des pétroliers qui sillonnaient la mer, du phare, du château Maniace, qu’il était à Syracuse, à l’entrée du port, face à la Méditerranée. Il se souvint du moment où, au-delà de la mer, il était allé avec sa compagne le long de la côte africaine. », Vincenzo Consolo, Ruine immortelle, traduit de l’italien et postfacé par Jean-Paul Manganaro, Paris, Éditions du seuil, 1996, p. 115-116.

Postface (Jean-Paul Manganaro)

« Voyage de reconnaissance, visitation de lieux : c’est bien de cela qu’il s’agit dans Ruine immortelle, où les choses et les lieux, traversant les âges, portent des noms complexes, stratifiés. L’esprit convoqué pour conduire ce voyage
– il faut toujours, paraît-il, un autre que soi, un compagnon de route, un guide – est Ulysse. C’est moins un clin d’œil au personnage de Joyce que le désir d’évoquer l’ombre de celui grâce à qui il traîne encore des mythes sur la terre de tous ceux qui furent et qui sont siciliens. », Vincenzo Consolo, Ruine immortelle, traduit de l’italien et postfacé par Jean-Paul Manganaro, Paris, Éditions du seuil, 1996, p. 167.

1 Giuseppe Ungaretti, « Ultimes chœurs pour la terre promise », in Le Carnet du vieillard, trad. De Ph. Jaccottet et Fr. Ponge, Paris, Gallimard, 1973, p. 288.

Titre

L'olivo e l'olivastro [Extraitts]

Éditeur

Mondadori (Milano)

Éditions du seuil (Paris)

Date

1994

Langue

Couverture temporelle

Droits

Non libre de droits