Description

Identification :

Chanson napolitaine. Dialecte napolitain. Variété italienne. Auteur compositeur interprète Pino Daniele. Accompagne son texte sur un arrangement voix guitare, guitare classique, acoustique, électrique, mandoline.
Piero Montanari : guitare basse. Roberto Spizzichino : batterie. Amedeo Forte (Amedeo Tommasi) : piano. Antonio Sinagra : instruments à cordes. Luca Vignali : hautbois.
 
Description :

La ville de Naples pour laquelle cette chanson est devenue spécifiquement depuis la mort du chanteur (2015) une sorte d’hymne de la cité, évoque les contradictions endémiques de cette ville portuaire partagée entre sa vitrine touristique et solaire et sa complexe et difficile réalité historique et urbaine qu’aggrave le sentiment évoqué d’indifférence et de résignation devant sa situation. Son indéniable beauté de carte postale y est évoquée en contrepoint de ses ruelles sales et de ses douleurs intrinsèques.

Cette chanson déroule en dialecte napolitain, autour de l’anaphore filée "Naples est" qui semble annoncer une définition univoque, la réalité plurivoque et paradoxale qui tient de la ville de Naples précisément à l’essence méditerranéenne, percluse de contradictions fondamentales. Les couplets dessinent autour de leurs rimes une ville carte postale, colorée et vivante, largement ouverte sur la mer dont elle possède l’odeur, baignée d’un soleil méditerranéen joyeux qui laisse les enfants libres de courir dans ses ruelles, et ne vous laisse jamais seul. A cette définition de façade s’alterne en anamorphose la  Naples des ruelles et des napolitains saisie dans son "soleil amer" qui par contraste met à jour sa saleté chronique, ses souffrances et ses larmes. L’identité napolitaine y est cristallisée par le choix, fréquent chez Pino Daniele, du dialecte napolitain.
 
Interprétation :
 
Le texte que l’auteur compositeur napolitain Pino Daniele adresse à sa ville natale, propose en creux une réflexion sur l’existence d’un esprit du lieu de la ville méditerranéenne de Naples. Naples apparaît ainsi au fil des couplets, prise en étau dans cette profonde contradiction qui définit ses contours dans un contraste saisissant qui peut évoquer les clairs obscurs des toiles du Caravage. Suspendue entre les clichés solaires et multicolores de l’image rêvée et archétypale de la grande ville historique méridionale et les "ombres au tableau" de sa saleté chronique et de ses douleurs multiples. Toute la chanson est construite autour de cette alternance entre la Naples colorée, joyeuse, baignée de mer et de soleil et la Naples plus sombre qui en est en quelque sorte le contrepoint intime et complémentaire.

On y retrouve énoncés une série d’éléments à la fois matériels et immatériels caractéristiques qui forgent le "genius loci" et l’identité urbaine méditerranéenne de plusieurs villes historiques de la Méditerranée. L'esprit du lieu est ici repérable dans la liste dressée d’éléments matériels, la profusion de couleurs, le soleil, qui pénètre les ruelles, le tracé tortueux et étroit des ruelles de la vieilles ville, rapidement évoqué, mais également à des éléments immatériels tels les sons, les odeurs, le parfum de la mer, la circulation des enfants et des gens (camminata), évocateurs tout à la fois de la famille (cellule socle de la société urbaine méditerranéenne), et de la communauté urbaine solidaire et fortement identifiée dans le "tout le monde" évoquée dans sa fonction collective. Le texte écarte toute possibilité de solitude et signale la vitalité de la ville incarnée dans ses enfants qui courent. Même si en filigrane, demeure l’héritage de cette ville portuaire, site de trafics et d’invasions, meurtrie par une histoire passée ou présente et traversée de douleur, la chanson se conclut sur le contrepoint solaire de son environnement urbain.

L’anamorphose évoquée qui sert le contraste paradoxal de l’identité urbaine napolitaine  peut être identifiée de même dans la superposition du texte évoquant la joie, les couleurs, la grouillante vitalité des enfants autant que ses douleurs et la ligne mélodique relevant d’une tonalité, d’un rythme et d’une interprétation vocale fortement teintée de lyrisme et de mélancolie.

Paroles originales (dialecte napolitain) :

Napule è mille culure,
Napule è mille paure
Napule è a voce de' criature
che saglie chiane chiane
E tu sai ca nun si sule

Napule è nu sole amaro
Napule è addore 'e mare
Napule è na carta sporca
e nisciuno se ne importa
E ognuno aspetta a 'ciorta

Napule è na' cammenata,
dinte e viche miezo all'ato
Napule è tutte nu' suonn
e a sape tutto 'o munno
ma nun sann' a verità

Napule è mille culure,
Napule è mille paure
Napule è nu sole amaro,
Napule è addore e' mare

Napule è na carta sporca
e nisciuno se ne importa
Napule è na' camminata
inte viche miezo all'ato
Napule è tutto nu suonno
e a sape tutto o' munno

Napule è mille culure,
Napule è mille paure
Napule è nu sole amaro,
Napule è addore e' mare...

Paroles en français :

Naples est mille couleurs,
Naples est mille peurs
Naples est la voix des enfants
qui monte tout doucement
Et tu sais que tu n'es pas seul

Naples est un soleil amer,
Naples est l'odeur de la mer
Naples est un papier sale
et personne ne s'en préoccupe
Et tout le monde compte sur la chance

Naples est une promenade,
dans les ruelles parmi les gens
Naples est comme un rêve
et tout le monde la connaît
Mais personne ne sait la vérité

Naples est mille couleurs,
Naples est mille peurs
Naples est un soleil amer,
Naples est l'odeur de la mer...

Naples est un papier sale
Et personne ne s’en préoccupe
Naples est une promenade
dans les ruelles parmi les gens
Naples est comme un rêve
et tout le monde la connaît

Naples est mille cultures
Naples est mille peurs
Naples est un soleil amer,
Naples est l'odeur de la mer...

Collection

Documents Villes

Transcription

Napule è mille culure,
    Napule è mille paure
    Napule è a voce de' criature
    che saglie chiane chiane
    E tu sai ca nun si sule

 

    Napule è nu sole amaro
    Napule è addore 'e mare
    Napule è na carta sporca
    e nisciuno se ne importa
    E ognuno aspetta a 'ciorta

  

    Napule è na' cammenata,
    dinte e viche miezo all'ato
    Napule è tutte nu' suonn
    e a sape tutto 'o munno
    ma nun sann' a verità

 

    Napule è mille culure,
    Napule è mille paure
    Napule è nu sole amaro,
    Napule è addore e' mare

 

    Napule è na carta sporca
    e nisciuno se ne importa
    Napule è na' camminata
    inte viche miezo all'ato
    Napule è tutto nu suonno
    e a sape tutto o' munno

 

    Napule è mille culure,
    Napule è mille paure
    Napule è nu sole amaro,
    Napule è addore e' mare...


Naples est mille couleurs,
Naples est mille peurs
Naples est la voix des enfants
qui monte tout doucement
Et tu sais que tu n'es pas seul

 

Naples est un soleil amer,
Naples est l'odeur de la mer
Naples est un papier sale
et personne ne s'en préoccupe
Et tout le monde compte sur la chance

 

Naples est une promenade,
dans les ruelles parmi les gens
Naples est comme un rêve
et tout le monde la connaît
Mais personne ne sait la vérité
 
Naples est mille couleurs,
Naples est mille peurs
Naples est un soleil amer,
Naples est l'odeur de la mer...

 

Naples est un papier sale
Et personne ne s’en préoccupe
Naples est une promenade
dans les ruelles parmi les gens
Naples est comme un rêve
et tout le monde la connaît
 
Naples est mille cultures
Naples est mille peurs
Naples est un soleil amer,
Naples est l'odeur de la mer...

Titre

"Napule è" de Pino Daniele, 1977 [Fiche contributeur ]

Titre Alternatif

("Naples est")
La ville de Naples. Définition en clair-obscur. Genius loci de la ville méditerranéenne

Date

2018

Langue

Droits

Non libre de droits