Description

[Extrait]
"Sans aucun doute, Said a eu le mérite de montrer, en s’appuyant sur une documentation très importante, en quoi l’orientalisme, savant ou littéraire, était demeuré subordonné au projet occidental de domination de l’Orient. Néanmoins, ce livre brillant et érudit n’emporte pas toujours l’adhésion. Said, tout d’abord, en partant du principe selon lequel il existerait une nécessaire subordination des textes aux objectifs politiques des pays auxquels appartiennent les auteurs qu’il examine, laisse de côté la question essentielle de l’éventuelle validité scientifique des énoncés de l’orientalisme. En particulier, il néglige la prise en compte des instances occidentales de consécration scientifique. S’il l’avait fait, il aurait vu que la communauté scientifique n’a jamais admis parmi les siens des auteurs comme Gobineau ou Gustave Le Bon, sans parler de tous les auteurs de fictions ou de récits de voyage, célèbres ou pas, dont les ouvrages n’ont aucun intérêt sur le plan de la connaissance des faits sociaux. Said, d’ailleurs, a perçu ce problème comme on le voit dans le discours qu’il tient sur Raymond Schwab : il n’a pas voulu, comme ce dernier, « écrire une histoire-récit encyclopédique de l’orientalisme » occidental, car « le modèle narratif ne convenait pas à mes intentions descriptives et politiques ». Une telle perspective aurait impliqué, en effet, que la démarche tente de considérer l’orientalisme, au moins à titre d’hypothèse, comme une science dont on pouvait -peut-être- retracer l’histoire, quitte à la disqualifier en tant que science au terme du parcours."

Titre

Edward w. Said et Albert Camus : un malentendu ?

Titre Alternatif

in Albert Camus et les écritures du XXe siècle

Éditeur

Collection Études littéraires© Artois Presses Université, 2003

Date

2003

Langue

Format

p. 239-254

Identifiant

DOI : 10.4000/books.apu.2216

Source

OpenEdition (Publication sur OpenEdition Books : 07 novembre 2019)
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