Description

Après Chopin, Karol Szymanowski est le second musicien national polonais. Marquée par Mahler et Richard Strauss, imprégnée des rythmes populaires de son pays, fascinée par la sensualité de l'Orient, son œuvre, une des grandes du XXe siècle, est à découvrir.
[Extrait]
Szymanowski s’étiole et prend conscience, à l’instar de ses illustres prédécesseurs que furent Berlioz, Stendhal et Nietzsche (dont il est un fervent lecteur), que les voyages, en particulier vers la Méditerranée, seraient une excellente manière d’élargir l’horizon. "Ma vie est à la croisée de deux chemins, écrit-il à une amie, en 1908. (…) Il m’est pénible de m’arracher à mes visions, à mes délires et à mes rêves d’éternelle beauté : c’est si difficile de les quitter pour devenir de nouveau un comédien ordinaire et un magicien combinant des gammes de douze tons dans de beaux dessins kaléidoscopiques, pour amuser la galerie." Le paysage italien comble ce vide par la lumière ; c’est "un objet de nostalgie et de désir". De ses voyages naissent Penthésilée, lied pour soprano et orchestre, Six mélodies sur des textes de Tadeusz Micinski, où affleurent déjà un panthéisme et un érotisme préfigurant la 3e Symphonie, et surtout une 2e Symphonie, créée par l’ami Fitelberg à Varsovie en 1911 – encore d’inspiration straussienne, mais dont le chromatisme exacerbé apporte une qualité expressive marquée. Une évolution qui se concrétise par Les Chants d’amour de Hafiz op. 24 – suivi d’un second cycle op. 26 -, deux des plus beaux cycles vocaux de toute de son œuvre, d’après un "merveilleux poète persan" découvert à la Bibliothèque impériale de Vienne dans une traduction de Hans Bethge (traducteur également de La Flûte chinoise reprise par Mahler pour son Chant de la terre). Dans cette œuvre à la croisée des chemins pointe une forme d’impressionnisme et de raffinement typiquement mahlériens. C’est d’ailleurs la figure de Mahler, et non plus celle de Strauss, qui lui permet de passer à une seconde période créatrice à partir de 1915. Son intérêt pour l’Orient, mais aussi ses voyages en Italie, en Afrique du Nord, ou encore en Russie, à Londres et Paris, ainsi que l’intégration de l’impressionnisme français de Debussy, enrichissent sa palette sonore.
La signature de cette esthétique nouvelle apparaît avec Mythes pour violon et piano (1915). Décrivant le "programme" à un violoniste américain, Szymanowski parle de tonalité "d’eau coulante" pour "La Fontaine d’Aréthuse" – ce premier mouvement qui fascina Ravel ! – et "d’eau stagnante" pour le second, "Narcisse", et suggère, pour le troisième, "Dryades et Pan", "mille voix mystérieuses qui s’entrecroisent dans les ténèbres d’une chaude nuit d’été". Cette partition fera vite le tour du monde et s’inscrira dans l’histoire. Suit un autre triptyque, Métopes (1915), d’égale importance, et suggéré par l’Antiquité grecque (L’Odyssée), cette fois pour piano seul, paré d’un même lyrisme et d’une même sensualité de timbres. Abandon des formes traditionnelles, liberté de ton : tout concourt, avec les Masques, également pour piano, à un style profondément original qui va bien au-delà des musiciens admirés – Strauss, Mahler, Scriabine et Debussy.

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Titre

L’éblouissement méditerranéen

Créateur

Éditeur

Radioclassique.fr
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Date

28/05/2014

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