Description

[Résumé]
Ayant constaté qu’il existe une étroite corrélation entre, d’une part, la destruction systématique, par le pouvoir en place dans les années quatre-vingts, de la langue, de la culture, de la mémoire et des valeurs qui constituent le socle de la civilisation italienne dont sa Sicile natale est l’un des principaux berceaux et, d’autre part, la nouvelle toute-puissance de la communication du pouvoir qui s’exprime à travers la continuité et l’uniformité trompeuses du discours dominant, Vincenzo Consolo nous offre, dans son ouvrage L’Olivo e l’olivastro, une Odyssée pénitentielle et réparatrice pour laquelle il invente un nouvel épos à la structure fragmentée et polyphonique et un nouveau logos “mistilingue” forgé dans le séculaire creuset culturel sicilien. Après avoir présenté et analysé la mise en œuvre de cette poétique de combat, on s’interroge, dans le présent article, sur son efficacité face à l’offensive des monstres toujours bien vivants qui ont été créés dans les années quatre-vingt.
[Abstract]
Individuata la stretta correlazione tra la distruzione sistematica, da parte del potere vigente negli anni ’80, della lingua, della cultura, della memoria e dei valori che costituiscono lo zoccolo della civiltà italiana di cui la sua Sicilia natia è una tra le culle principali e, contemporaneamente, la nuova onnipotenza della comunicazione del potere che si esprime attraverso la fallace continuità e uniformità del discorso dominante, Vincenzo Consolo ci offre, con L’olivo e l’olivastro, un’Odissea penitenziale e riparatrice per la quale egli inventa un nuovo epos dalla struttura frammentata e polifonica e un nuovo logos mistilingue coniato nel secolare crogiolo culturale siciliano. Dopo la presentazione e l’analisi della messa in opera di tale poetica di combattimento, ci s’interroga nella presente relazione sulla sua efficacia di fronte all’offensiva dei mostri sempre vivi e attivi che sono stati creati negli anni ‘80.



In his book L’olivo e l’olivastro (1994) Vincenzo Consolo notes a close correlation between the government’s systematic destruction of the culture, memory and values which make up Italian civilisation (of which his native Sicily is one of its cradles), and the uniform discourse disseminated by the all-powerful government media. Consolo provides the reader with a penitential and restoring odyssey for which he has invented a new epos, whose structure is fragmented and polyphonic, and a new ‘mistilingual’ logos, wrought in the Sicilian cultural melting pot. After explaining how this “militant” poetics operates, the essay questions its effectiveness in combating the ever-present monsters that originated in the 1980s.

Vincenzo Consolo, Sicily, narration, communication, plurilinguism/mistilinguism, polyphony, Odyssey, L’olivo e l’olivastro

[Extrait]
Publié en 1994, L’olivo e l’olivastro de Vincenzo Consolo (V. Consolo, L’olivo e l’olivastro, Milan, Mondadori, 1994 ; ci-après, OO. La pagination renvoie à l’édition de poche : V. Consolo, L’olivo e l’olivastro, Oscar Scrittori del Novecento, Milan, Mondadori, 1999. ) reconstitue les étapes d’une nouvelle Odyssée, entendue à la fois comme voyage de retour, comme nostos dans l’espace réel, et comme voyage fantastique dans l’espace de la littérature et de la poésie, pour l’un de « ceux qui sont nés par hasard dans l’île aux trois angles » (OO, p. 22). Mais cette Odyssée, largement autobiographique, rêvée initialement comme un retour vers une sicilienne Ithaque d’affection et de mémoire, se transforme bientôt en un voyage dans le désastre qui s’est consommé pendant cette époque atroce qu’a été, pour la Sicile comme pour l’Italie tout entière, la période des années quatre-vingt.
Et nous sommes conviés à suivre le voyageur, à travers « une île perdue, une Ithaque damnée » (OO, p. 80), où tout ce qui subsiste de ce qu’il a connu et aimé est conservé par des érudits et des poètes, qui combattent les prétendants à coup de chantiers de fouilles et de mots écrits noir sur noir, ou par des sortes de gardiens de cimetières verghiens qui ont arrêté le temps en régressant vers une illusoire Troie retrouvée (p. 53).

Titre

L’olivo e l’olivastro de Vincenzo Consolo : pour une odysée du désastre

Titre Alternatif

L’olivo e l’olivastro di Vincenzo Consolo: per un’odissea del disastro

Éditeur

Cahiers d’études italiennes

Date

2012, n°14

Langue

Format

p. 201-212.

Identifiant

https://doi.org/10.4000/cei.505

Source

Openedition Journals 
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