Description

[Descriptif Anne STEINBERG-VIÉVILLE. Extrait de Nicolas de Staël, la moisson italienne (série des « Agrigente »)]

Réalisé la même année, mais postdaté par Staël, le paysage du MOCA (musée d’art contemporain de Los Angeles) est d’une audace folle ; brûlant comme la terre de feu de Sicile, il offre une somptueuse explosion de rouges et de jaunes, qui l’apparente … aux fresques rouge cinabre de la Villa des Mystères ! Plus grand que le précédent, 89 cm x 130, il porte au dos la mention « Sicile-Agrigente 1954-Staël : peint à Ménerbes ». Conçu avec de grands aplats monochromes, à la transparence quasi minérale, subtilement déclinés en prune, oranger, rose et blanc, et séparés par une ligne blanche, ce paysage relève d’une adaptation de la technique de la mosaïque à la peinture à l’huile. On se croirait devant un poème euclidien ou un fragment de sol géométrique, dont l’Italie a le secret ! Outre son incandescence, cette composition frappe par sa profondeur : elle est dominée par la figure du triangle, qui multiplie les points de fuite et qui, à la manière de Paolo Uccello, déjoue la perspective monofocale. À l’évidence, la leçon des maîtres du Quattrocento a été retenue ! Il visite les musées, se gorge de nature et de culture, s’enivre de couleurs : la Vallée des Temples, les latomies, les époustouflants décors et la mer insolée rassasient ses sens, avides de lumière, d’espace et de beauté. Il est irradié, redécouvre les formes pures inventées par les Grecs, les lumières parfaitement ordonnées, comme dans l’art de la mosaïque, et il fait au feutre un nombre impressionnant de croquis qui fixent le squelette du paysage. Françoise témoigne : « il dessina beaucoup, en série, comme toujours, d’une feuille à l’autre, très rapidement, sans hésitation ni retouche. »

[...] À l’été 53, en famille et sans son matériel de peintre, Nicolas de Staël met le cap au Sud. Destination la Sicile, Syracuse et Agrigente, où il séjourne deux mois, sous un soleil de plomb ; l’itinéraire passe par Gênes, la Toscane, Ravenne, Rome, Tivoli, Naples, Pæstum et Pompéi. Sa correspondance atteste l’ivresse du voyage : « Je roule de France en Sicile, de Sicile en Italie, en regardant beaucoup de temples, de ruines ou pas, de kilomètres carrés de mosaïques. » Il visite les musées, se gorge de nature et de culture, s’enivre de couleurs : la Vallée des Temples, les latomies, les époustouflants décors et la mer insolée rassasient ses sens, avides de lumière, d’espace et de beauté. Il est irradié, redécouvre les formes pures inventées par les Grecs, les lumières parfaitement ordonnées, comme dans l’art de la mosaïque, et il fait au feutre un nombre impressionnant de croquis qui fixent le squelette du paysage. Françoise témoigne : « il dessina beaucoup, en série, comme toujours, d’une feuille à l’autre, très rapidement, sans hésitation ni retouche. » [...] La sensibilité de Nicolas de Staël s’est donc exacerbée au cours du voyage en Italie : tant d’espace, de lumière et de couleurs l’ont bouleversé au point de modifier sa peinture. Les formes se simplifient, les aplats aériens se substituent aux empâtements, les brosses aux couteaux, et les couleurs deviennent paroxystiques pour témoigner de l’opulente lumière du Sud. Staël maitrise la technique de l’abstraction figurative appliquée aux paysages : il donne à voir un concentré d’émotions, revécues par le souvenir, et il incendie notre rétine.
Au terme de cet aperçu, on comprend aisément que la série des Agrigente, exposée à New York en février 54, enthousiasma les Américains et apporta gloire et fortune au «prince foudroyé.

Dans ces œuvres, le regard du peintre semble suivre l’évolution rapide de la lumière un soir de fin d’été ; ce qui lui permet d’atteindre des moments de lumière mystérieuse grâce à son talent de coloriste. Un mois après son arrivée à Lagnes, Nicolas de Staël entreprend un voyage en famille en Italie qui l’amène en Sicile en août 1953. Le paysage traversé pendant le voyage trouve son expression à travers une série de trois tableaux. Ceux-ci amorcent de la série des tableaux de Sicile, souvenirs fidèles des bruns, ton calcinés et dorés de l’été sicilien.


Titre

Sicile, Agrigente, 1954

Titre Alternatif

ou Le paysage du MOCA, peint à Ménerbes

Éditeur

Musée d’art contemporain de Los Angeles)

Format

Huile sur toile, 89 cm x 130

Droits

Non libre de droits