Description

[Extrait]
La Sicile, en raison de sa situation géographique au centre de la Méditerranée, a été un enjeu stratégique majeur pour le contrôle de la circulation maritime, ce qui lui a valu de passer d’un occupant à l’autre au cours de son histoire mouvementée – chacun laissant des traces de son passage dans les paysages et les monuments de l’île. Ces vestiges successifs ont généré une identité sicilienne spécifique que Maupassant a été l’un des premiers voyageurs à caractériser et que l’on pourrait qualifier, de nos jours, de multiculturelle :

« On sait combien est fertile et mouvementée cette terre, qui fut appelée le grenier de l’Italie, que tous les peuples envahirent et possédèrent l’un après l’autre, tant fut violente leur envie de la posséder, qui fit se battre et mourir tant d’hommes, comme une belle fille ardemment désirée. [...]

La Sicile a eu le bonheur d'être possédée, tour à tour, par des peuples féconds, venus tantôt du nord et tantôt du sud, qui ont couvert son territoire d'œuvres infiniment diverses, où se mêlent, d'une façon inattendue et charmante, les influences les plus contraires. De là est né un art spécial, inconnu ailleurs, où domine l'influence arabe, au milieu des souvenirs grecs et même égyptiens, où les sévérités du style gothique, apporté par les Normands, sont tempérées par la science admirable de l'ornementation et de la décoration byzantines.

Et c'est un bonheur délicieux de rechercher dans ces exquis monuments la marque spéciale de chaque art, de discerner tantôt le détail venu d'Egypte, comme l'ogive lancéolée qu'apportèrent les Arabes, les voûtes en relief, ou plutôt en pendentifs, qui ressemblent aux stalactites des grottes marines, tantôt le pur ornement byzantin, ou les belles frises gothiques qui éveillent soudain le souvenir des hautes cathédrales des pays froids, dans ces églises un peu basses, construites aussi par des princes normands.

Quand on a vu tous ces monuments qui ont, bien qu'appartenant à des époques et à des genres différents, un même caractère, une même nature, on peut dire qu'ils ne sont ni gothiques, ni arabes, ni byzantins, mais siciliens, on peut affirmer qu'il existe un art sicilien et un style sicilien, toujours reconnaissable, et qui est assurément le plus charmant, le plus varié, le plus coloré et le plus rempli d'imagination de tous les styles d'architecture. »

Guy de Maupassant, En Sicile, 1886

Collection

Documents Mer

Titre

Le tour de la Méditerranée : l'Orient et l'Occident

Titre Alternatif

n La Méditerranée dans tous les sens (dossier eduscol; éducation.fr)

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Source

eduscol.education.fr
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