Description

[ Résumé éditeur]
C'est une de ces mauvaises journées à Tanger, journée de vent et de solitude. Dans sa chambre aux murs fissurés, tâchés d'humidité, dans sa grande maison aux nombreuses pièces inoccupées où, patriarche irascible, il a longtemps régné, le vieil homme s'ennuie. Le temps qui passe, les enfants ingrats, l'épouse mal soumise, les amis absents ou morts, les médicaments imbéciles qu'il jette à la poubelle par orgueil... A certains moments, tout excite son courroux. Faudrait-il baisser pavillon, renoncer, sous prétexte qu'on est vieux et rendu à merci par la maladie ?
A d'autres moments, ce sont les images douces d'une femme ou d'une jeune fille qui inonderait sa poitrine de sa chevelure dénouée. Il se souvient aussi des jambes des filles, des seins d'une servante, trop libres sous le voile léger de ses robes. Pourquoi s'imagine-t-on parfois la vieillesse libérée du désir ? Il pense aussi à ces jours encore proches où ses doigts coupaient habilement le tissu et où chacun admirait sa dextérité de tailleur. Pourquoi lui n'a-t-il jamais fait fortune ? Est-il arrivé trop tard à Tanger ? Aurait-il eu tort de ne point mentir ou tricher comme les autres ?
Le narrateur, lorsqu'il reprend la parole, revient durement sur les inclinations tyranniques du vieillard, son goût pour les mots acerbes, ceux qui blessent et meurtrissent : son égoïsme impérial et ses exigences de tous les instants. Défilent alors de menus événements de la vie passée, mariages, fêtes familiales, brouilles, parentèle oublieuse, voisins ridicules... Comme la chronique véritable et actuelle d'un quartier du Maroc.
Et insensiblement, quoique la chose ne soit jamais dite, on comprend que c'est un fils qui parle de son père, que c'est Tahar Ben Jelloun qui parle du sien, dans l'immédiate et pathétique vérité d'un récit.

Titre

Jour de silence à Tanger

Éditeur

Paris, Seuil

Date

30/08/1991

Langue

Source

www.babelio.com (consulté le 10 novembre 2022)
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