Description

Il y a à cela plusieurs raisons. La première est que pour quelqu’un qui joue aussi à fond que lui le jeu de l’imaginaire, aucun élément ne peut être pensé sans les autres, et que la mer est par excellence l’autre de la terre. Mais c’est aussi, sans doute, que la terre de son enracinement est celle d’une province qui est en France parmi les plus ouvertes sur la mer. Elle l’est, géographiquement, par l’orientation de la moindre de ses vallées, historiquement parce qu’elle n’a jamais cessé de se tourner vers cette mer, et culturellement parce que le monde de l’héritage gréco-latin, auquel ses paysages gardent plus de présence que nulle part ailleurs en France, est l’un de ceux qui font de la navigation l’une de leurs expériences privilégiées. Giono a beau se désintéresser des ruines antiques, détester le soleil et le bord de mer qui ont pris en Provence le relais du prestige des Antiquités, fuir le folklore ; il a beau répéter que la Provence n’est pour lui que le lieu géométrique de ses deux origines, piémontaise et picarde ; il a beau, pour mieux s’écarter de la côte, décentrer vers le nord et vers les montagnes la Provence de ses romans, il n’en reste pas moins celui qui a lu au milieu de son monde de collines l’Odyssée, l’Enéide et l’épisode d’Ulysse dans La Divine Comédie, et qui, sur ce paysage familier, a projeté les images et les rêves de ses lectures.

Titre

Giono et la mer

Éditeur

Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux

Date

1987

Langue

Format

222 pages, 21 x 14 cm

Droits

Non libre de droits