Description

[Présentation éditeur]
A la fin du XIXe siècle, on découvre la Riviera, la Côte d'Azur. Claude Monet habitué aux ciels nuageux de la Seine et de la Normandie découvre la lumière de la Méditerranée.
En effet, entre 1883 et 1888, Monet fera trois voyages. C'est l'ami Renoir qui l'entraîne la première fois. Immédiatement séduit, Monet retourne aussitôt début 1884 à Bordighera et y passe quelques mois, seul.
Il mène un incessant combat pour s'emparer sur la toile de cette nature généreuse et exubérante : des ciels d'un «bleu impossible», des lumières changeantes en cette saison de l'année où certains jours de février sont déjà printaniers, autant de défis qu'il découvre en s'enfonçant au milieu de jardins enchantés et parfumés où le violet et le pourpre des palmiers, les oliviers bleu argenté côtoient agaves, yuccas, citronniers et orangers flamboyants. Il s'émerveille aussi de ces Alpes Maritimes, aux sommets parfois enneigés.
Bordighera est un endroit magique, une de ces stations balnéaires élégantes - comme Menton ou Nice - qui vient d'être lancée. Paradoxalement l'ambiance cosmopolite des grands hôtels au luxe tapageur s'épanouit à proximité de la ville haute, le borgo antico où loge Monet. Ce quartier abrite paysans et pêcheurs dans ses hautes maisons de pierre sévères aux volets verts serrées le long des ruelles ombragées reliées par de fragiles arcs-boutants de pierre et par des cordes à linge, chevauchant les façades. S'en échappent le cliquetis des outils, les odeurs des échoppes d'artisans, des cris des chansons des tavernes en sous-sol. Tout près, la mer, des oliveraies, des jardins, des potagers et palmeraies.
L'impressionnisme se trouve à l'époque à un tournant : le mouvement commence à être accepté timidement par le public, mais a encore ses détracteurs. Les peintres impressionnistes délaissent le travail de groupe, les personnalités s'affirment. Sur le plan technique, la qualité des couleurs qui sont utilisées souvent pures, connaît de nombreuses innovations. Monet est très soucieux de la conservation des couleurs et choisit les nouveaux pigments mis au point par les progrès de la chimie inorganique : le vert émeraude, le bleu et le violet de cobalt, le jaune de chrome constituent la base de sa palette.
Ce livre qui permet de contempler des oeuvres majoritairement peu connues nous fait revivre les épreuves et les étapes de la quête personnelle de Monet, son désir permanent de toujours se surpasser. Les lettres qu'il envoie chaque soir à Alice Hoschedé, qu'il épousera quelques années plus tard, sont des témoignages précieux de son caractère, de son être entièrement consacré à son art, jamais ou rarement satisfait.
Certains paysages qu'il a choisi de peindre, demeurent aujourd'hui inchangés, comme le château de Dolceacqua, la villa du banquier Bischoffsheim construite par Garnier, les rochers du Cap Martin à Menton où il peint passionnément la mer sauvage, sur le chemin du retour, avant de reprendre le train pour Giverny.
Des photos de l'époque restituent ce cadre privilégié ; quelques photos actuelles soutiennent la comparaison.
Lors de son séjour à Antibes, quatre années plus tard, Monet affiche une certaine maturité. Les productions des deux voyages constituent bien une charnière dans sa carrière - il a peint presque une centaine de toiles, mais elles sont très différentes. A Bordighera c'est un travail de recherche éperdue des motifs. A Antibes, une méthode mise au point, très minutieusement, liée à l'observation des effets de lumière sur le paysage, cette lumière rose indescriptible.
La difficulté de cette nature méditerranéenne qui le fascine le fera progresser dans son art : les toiles qu'il rapportera de son séjour à Antibes, en 1888, lui ouvriront enfin la voie du succès et de la reconnaissance publique.
Ce livre nous révèle cette séquence mal connue de la vie et de l'oeuvre de ce peintre célèbre.

[Extrait]

Extrait
La découverte de la Riviera et de la Côte d'Azur

«À moins qu'il ne vous plaise de m'accompagner ? [...] Du côté de la lumière, des brises tièdes, des forêts mystérieuses et embaumées. [...] Quinze heures de train rapide et l'excursion commence. D'Hyères à Gênes, simplement. Le trajet est court mais la route délicieuse, le long de ce ruban de côtes à la frange moirée. Ainsi que l'eau de Floride, la mer de Tyrrhène s'entend à effacer les rides - celles du coeur tout au moins !»
Cette charmante invitation à découvrir un paradis sauvage est extraite de la préface de l'ouvrage de Stephen Liégeard, La Côte d'Azur, un guide détaillé du littoral méditerranéen de Hyères à Gênes, publié en 1887 et distingué par l'Académie française. À partir de cette date, la postérité retiendra ce nom de «Côte d'Azur» pour la partie française de la Riviera. Les circuits proposés à travers ces paysages pittoresques et enchanteurs font rêver les touristes, comme ils intriguent déjà des artistes comme Cézanne, Renoir, Monet et bien d'autres. Cet aspect de terre vierge fascine. En 1884, Maupassant note qu'en Normandie les promeneurs sont aussi nombreux que sur le boulevard des Italiens, qu'en Bretagne chaque menhir cache un affreux touriste, alors que les montagnes des Maures, dans l'arrière-pays de Saint-Tropez non desservi par le chemin de fer, ne sont pas encore envahies de villas comme Cannes ou Menton ! Monet n'est pas un voyageur comme les autres. Il n'est pas guidé par la curiosité de découvrir un pays, une région, une culture, des gens, non, il est à l'affût, à la recherche constante et exclusive de nouvelles expériences chromatiques pour se fixer des défis et se mesurer aux pièges inattendus de la nature. Un «chasseur», c'est ainsi que le qualifie Guy de Maupassant qui l'observe à Étretat. Monet est déjà allé à Londres et en Hollande. Plus tard, il se rendra en Norvège, toujours assoiffé de sensations visuelles inédites. Ses champs d'investigation sont donc souvent tournés vers le Nord, mais la lumière éclatante des rives de la Méditerranée à la fois l'attire, le désempare, lui, le Parisien habitué aux ciels plus maussades de la Seine ou de la Normandie. En janvier, le doux soleil de la Riviera offre un sérieux contraste, voire un choc. Et puis, passer l'hiver là-bas devient à la mode. Pourquoi part-il sur la Riviera ?

Titre

Monet et la Riviera

Éditeur

Paris, Citadelles & Mazenod

Date

18/10/2006

Langue

Format

24.89 x 31.5 cm, 191 pages

Droits

Non libre de droits