Description

[Résumé]
Cet article analyse les deux catégories de femmes présentes dans l’œuvre de Giorgio De Chirico : la femme dépersonnalisée, anonyme, des œuvres de jeunesse et la femme évidente, reconnaissable, représentée par la mère et les deux épouses de l’artiste.
[Extrait]
Si l’on considère l’ensemble de la production de de Chirico, sa conception de la femme est double, et il paraît judicieux de partager ses oeuvres en deux catégories bien distinctes : la femme dépersonnalisée et la femme évidente, reconnaissable.
La femme dépersonnalisée ou sous-entendue apparaît dans l'oeuvre picturale sans pour autant être nommée et provoque ainsi un sentiment étrange. L'étude comparée de ce qui est représenté par rapport au titre de l'oeuvre permettra de déchiffrer le bagage affectif que véhicule la présence de la femme chez l’artiste. La femme évidente, quant à elle, traitée d'une manière classique est étroitement liée aux thèmes du portrait, de l'autoportrait et du nu. Lorsque l'on regarde l'ensemble de ces tableaux, on se rend vite compte que les femmes représentées se réduisent au nombre de trois : la mère, la première épouse, Raissa, et la seconde, Isabella. Cette caractéristique établit un lien biographique certain entre les femmes représentées et le rôle qu'elles jouèrent dans sa vie de peintre. Pour saisir le rôle déterminant de ces trois femmes, il sera intéressant de mettre en évidence les relations affectives que l'artiste entretenait avec chacune d'elles.
La femme dépersonnalisée semble tout particulièrement caractériser les productions de jeunesse de de Chirico. La série de ce que la critique a communément appelé « les Places d'Italie » - places désertes uniquement peuplées de statues sur socle bas et de bâtiments à arcades - datées de 1913 à 1918, met en scène une présence féminine énigmatique qui apparaît sous les traits dépersonnalisés de la statue. L'Enigma dell'oracolo (1909) et L'Enigme de l'heure (1911) sont les deux premières oeuvres connues où l'on remarque une statue de dos enveloppée dans un drap qui la recouvre jusqu'aux épaules. Debout en position d'attente, la statue de la première oeuvre a le visage penché ; cette attitude ajoute une impression de mélancolie qui devient presque dérangeante pour le spectateur qui n'a aucun moyen de voir l’expression de ces statues-femmes. De Chirico montre ainsi que l'émotion de la scène ne passe pas, comme on pourrait s'y attendre, par l'expression de l'individu mais plutôt par une série d'élements impalpables qui s'offrent à nos yeux sans réussir à les identifier. A plusieurs reprises, dans des toiles intitulées L'Enigma di un pomeriggio d'autunno (1909) et l'Enigme de l'heure (1910-11) de Chirico reprend cette thématique de la femme-statue étrange, caractéristique de la peinture métaphysique et n'hésite pas, pour montrer que l'expression ne passe pas obligatoirement par le visage, à représenter une statue de dos, sans tête.

Titre

La représentation de la femme dans les œuvres de Giorgio De Chirico

Titre Alternatif

in Revue "Italies", Femmes italiennes, 1999/3

Créateur

Éditeur

Revue "Italies", Centre Aixois d’Études Romanes (CAER), Aix Marseille Université. (FR)

Date

1999/3
Mis en ligne sur Journals.open édition le 30/03/2010

Langue

Format

pp. 387-402

Identifiant

https://doi.org/10.4000/italies.2946

Source

Journals.openedition.org (consulté le 29 juin 2023)

Droits

Non libre de droits