Description

[Résumé]
Dans l’œuvre calvinienne, l’image de la femme pose problème et évolue au fil des textes. Il s’agit de montrer la subtilité avec laquelle Calvino construit ses personnages féminins qui, de figures simples et souvent confinées aux frontières du récit, se révèlent progressivement comme des présences centrales et complexes, capables de se dédoubler, de se multiplier offrant de la sorte le portrait d’une femme plurielle. C’est à travers l’étude de certains récits des Cosmicomiche, de Ti con zero et du roman Se una notte d’inverno un viaggiatore, que nous analyserons les images féminines calviniennes qui subissent un processus d’amplification envoûtant qui rend l’être femme inaccessible.
[Extrait]
« Naturalmente. Al principio di tutte le storie che finiscono male c’è una donna, non si sbaglia... », explique l’un des personnages au jeune protagoniste Pin du Sentiero dei nidi di ragno, premier roman d’Italo Calvino.
Cette déclaration sentencieuse laisse à penser que la place occupée par les différentes figures féminines dans l’œuvre de Calvino ne sera pas des plus remarquables. En effet, très souvent confinées aux frontières du récit, elles ne possèdent pas toutes un nom, et lorsqu’elles sont nommées, ce n’est – à première vue – que pour mieux mettre en évidence touts les attributs négatifs dont elles sont généreusement parées. Ainsi, l’un des tous premiers personnages féminins de cette œuvre abondante, celui de La Nera, sœur de Pin, se révèle un personnage ambigu, dangereux, qui se prostitue et collabore avec l’ennemi nazi. Quelques années plus tard, le personnage de Viola du Barone rampante bien que tout à fait différent – vient conforter cette conception négative de la femme dont la caractéristique principale semble être la versatilité. Entre les deux, bien sûr, nous aurons noté l’apparition de nouveaux personnages féminins comme celui de la bergère Pamela du Visconte dimezzato ou bien encore celui de la nourrice Sebastiana (toujours dans le même récit), mais ces personnages féminins “inoffensifs” ne font office que d’intermédiaires entre les deux moitiés de vicomte ; ils n’ont en quelque sorte qu’un rôle de “liant”, et bien que leur présence s’avère indispensable pour le bon déroulement de l’histoire, ils restent très secondaires.
À partir de ces trois œuvres, le lecteur peut donc se constituer une première opinion sur le rôle de la femme dans l’œuvre de Calvino ; ses fonctions sont réparties en deux catégories distinctes : une fonction de “femme maternelle”, apaisante, réconfortante (fonction que l’on retrouve notamment dans le personnage de Sofronia du Cavaliere inesistente) et une fonction de “femme fatale”, élément perturbateur par excellence, à l’image du personnage féminin du Barone rampante, qui conduira au fil des pages le protagoniste Cosimo, tombé “violemment” amoureux, vers la folie.

Titre

Les personnages féminins dans l’œuvre d’Italo Calvino : d’une image simple à une image plurielle

Titre Alternatif

in Revue "Italies", Femmes italiennes, 1999/3

Créateur

Éditeur

Revue "Italies", Centre Aixois d’Études Romanes (CAER), Aix Marseille Université. (FR)

Date

1999/3
Mis en ligne sur Journals.open édition le 30/03/2010

Langue

Format

pp. 387-402

Droits

Droits négociés