Description

Cet article a pour objectif de regarder comment le cinéma maghrébin a été « construit » pendant les dix dernières années en France. Il s’agira d’analyser la réception des films maghrébins dans les salles françaises pendant les années 2000, d’étudier à un niveau plus abstrait, comment le Maghreb (en tant qu’espace réel, région de production cinématographique et patrie mythifiée) est imaginé par les spectateurs et critiques en France, et comment il est représenté par des cinéastes issus de la diaspora maghrébine en France.
[Extrait]
On retrouve cette tendance à considérer les cinémas du Maghreb comme étant des entités nationales plutôt que régionales (c’est-à-dire transnationales) dans les films maghrébins eux-mêmes. D’Omar Gatlato (Allouache, 1977), Halfaouine (Boughedir, 1990) et La Maison jaune (Hakkar, 2006) à La Mosquée (Daoud Aoulad Syad 2010), les cinéastes du Maghreb ont toujours préféré aborder les réalités « maghrébines » dans un contexte national, voire local. Étant donné que le terme « cinéma maghrébin » maintient une telle visibilité dans les discours critiques et universitaires (voir Serceau et al. 2004 ; Brahimi 2009), il est peut-être surprenant que cette perspective régionale se voie si rarement. Ida Kummer (2004 : 126) propose qu’avec son film Tunisiennes (1996) Nouri Bouzid ait été le premier réalisateur maghrébin à « maghrébiniser » son cinéma à travers le personnage de Fatiha, femme algérienne qui regarde avec envie la relative liberté des femmes tunisiennes. Le film tente donc de mettre la condition des femmes (sujet qui domine les récits d‘un grand nombre de films maghrébins) dans un contexte régional/transnational plutôt que national. Cependant, l’analyse de Kummer oublie de mentionner des films issus de la diaspora en France qui, en représentant des expériences communes d’immigration, d’exil et de marginalisation dans l’ancienne métropole, ont de leur propre manière « maghrebinisé » les cinémas français et maghrébin depuis les années soixante-dix.
Évoquer l’idée d’un cinéma maghrébin comme entité unifiée sur le plan de la production et de la distribution reste donc problématique. Il est même plus facile d’imaginer l’existence d’un cinéma maghrébin lorsqu’on voyage au-delà du pays ou de la région de production. Comme l’a noté Kamel Ben Ouanès, l’idée d’un cinéma maghrébin est plus visible (plus logique même) lorsqu’un film ou un cinéaste voyage au-delà du Maghreb et surtout quand on pense à ces films et à ces cinéastes dans le contexte de la diaspora maghrébine en France (voir Barlet 2010).

Titre

Le cinéma maghrébin vu de l’autre côté de la Méditerranée

Titre Alternatif

Cinéma national/transnational/diasporique

Créateur

Éditeur

Africulture, Les mondes en relation

Date

1/12/ 2012

Langue

Format

Article se presse on web

Source

Lire sur africultures.com (consulté le 29 juin 2023)

Droits

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