Description

[Résumé éditeur]
Cet ouvrage est la restitution de plusieurs journées d'étude organisées dans le cadre du programme de recherche Genre et discriminations sexistes et homophobes (2014-2017) à l'université d'Angers devait permettre de donner une place nouvelle à des femmes d'hier et d'aujourd'hui qui, faute d'avoir pu se déclarer librement auteures, cherchèrent différentes postures et stratégies pour s'approprier le droit d'écrire. L'ouvrage propose encore une entrée thématique sur la notion d'engagement, puisque les femmes ont toujours été concernées par la société dans laquelle elles tentaient de se faire entendre. Contemporaines des évènements, à l'origine parfois de mouvements sociaux et politiques, elles ont œuvré pour que leur implication se manifeste à travers les failles et fissures des rapports sociaux de genre. Le présent ouvrage a été réalisé par Frédérique Le Nan, maîtresse de conférences HDR, Andrea Brünig et Catherine Pergoux-Baeza, maîtresses de conférences, membres du laboratoire 3LAM, SFR Confluences de l'université d'Angers.
Comment penser le genre dans la production des œuvres de femmes quand l’histoire ne permet pas toujours de leur apporter un semblant de contextualisation ? Cet ouvrage permet de donner une place nouvelle à des femmes d’hier et d’aujourd’hui qui, faute d’avoir pu se déclarer librement auteures, cherchèrent différentes postures et stratégies pour s’approprier le droit d’écrire. Sont explorés ici travestissements et masquages divers, écriture de l’intime, anonymats voulus ou non, neutralisations et autres contournements du genre, dans leurs dimensions textuelles et sociales, voix et écriture de la dissidence, ainsi qu’un état de la réception critique, universitaire et scolaire.


[Extrait]
En littérature comme ailleurs, la voix souvent précède le texte, elle est aussi ce qui affleure de l’ouvrage fixé par l’écriture ; elle n’assure en rien le sexe du/de la signataire. Même déclarée féminine par un je clairement référencé, elle n’apporte nullement la preuve que l’ouvrage en question n’est pas de la main d’un homme. Gageons cependant qu’elle nous intéressera surtout quand elle vient attester une diction féminine, un phrasé au féminin. Tel est notre propos. De surcroît, si la revendication auctoriale est là, du côté de la femme, c’est tant mieux !
Pourquoi un tel parti pris ? Parce que l’histoire littéraire n’est jamais parvenue à « propos[er] une vision dégagée des préjugés sexistes et permettant de comprendre la persistance de ces préjugés ». Parce que la création des femmes et pas seulement littéraire n’a pas toute sa place dans les institutions universitaire et scolaire. Parce que « les discours de dévalorisation et de minoration » continuent d’entretenir l’ignorance et l’oubli, quant à leurs œuvres, etc.
L’appellation « Voix de femmes » présente encore bien d’autres avantages. Tout en lui reconnaissant une valeur affective, on ne lui déniera pas une dimension intellectuelle en suivant les propos de Ch. Bard dans « Une préférence pour l’histoire des femmes4 », et qui avançait dès 2003 une intéressante mise au point sur l’usage en histoire des concepts de genre, d’histoire des femmes, voire d’histoire féminine ou féministe. Si les débats dont elle témoigne furent houleux parmi les historiennes, aujourd’hui le choix du concept de genre l’a emporté dans ses propres travaux comme ailleurs, ce qui inscrit en faux notre appellation.
Dans l’ouvrage récemment paru et déjà cité, Hommes et femmes dans l’Antiquité grecque et romaine. Le genre : méthode et documents5, S. Boehringer et V. Sébillotte Cuchet s’en font aussi les porte-parole. « Le terme de “femme” est politique6. » Même au pluriel il touche beaucoup trop à la différence des sexes et ne tient pas compte de la réflexion existentialiste du milieu du xxe siècle dont les thèmes prouvent à eux seuls qu’il ne saurait être question d’essence, de nature, mais plus exactement de processus, de constructions multiples et labiles selon les époques et les contextes. La tâche des historiennes serait alors d’en montrer les variations, de les traquer inlassablement et de prendre en compte le concept indispensable de la liberté individuelle. La méthode du genre, expliquent-elles, « c’est […] étudier comment ces caractéristiques [féminin/masculin] s’élaborent, comment les représentations évoluent7 ». En ce sens, la littérature au sein de quoi tout n’est que construction (nous y reviendrons8) devrait prendre une place très particulière et se faire le support privilégié des études de genre.

Table des matières

  • Des femmes en littérature : la voix et le genre
  • Genre, arts visuels et mémoire
  • Écriture, femmes et engagement

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FEMME
LITTÉRATURE

Titre

Voix de femmes dans le monde. Au prisme du genre dans la littérature et les arts.

Titre Alternatif

Nouvelles recherches sur l"imaginaire.

Éditeur

Presses universitaires de Rennes

Date

2018

Langue

Format

14,5 x 21 cm, 454 pages

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