Description

[Présentation]
L’histoire récente donne de la Tunisie une image originale, celle d’un pays du Maghreb qui aurait réussi la synthèse des différentes composantes de son histoire politique et culturelle. L’article que Noureddine Sraïeb consacre à Tahar Haddad qui fut, dans les années 30, à la fois syndicaliste, féministe et réformiste, suggère de mettre cette spécificité tunisienne en rapport avec un mouvement nationaliste ouvert à la modernité et avec l’engagement très tôt commencé de militants comme Tahar Haddad. Si ses publications sur le statut et le rôle à donner aux femmes de son pays lui valurent en son temps l’opprobre des autorités universitaires et la misère, quasiment toutes ses suggestions furent reprises en 1956 dans le « Code du statut personnel » qui détermine les devoirs et les droits des Tunisiennes : il fut, dit l’auteur, « le précurseur de la nouvelle génération politique des années trente dont firent partie Bourguiba et ses compagnons ». Ce n’est, au reste, pas un des moindres paradoxes de la Tunisie actuelle que « son féminisme institutionnel ». Sophie Bessis en fait l’historique, en démonte les mécanismes et met en évidence sa fonction idéologique. Elle explique que lié à la rupture du régime avec les Islamistes en 1991, le nouveau discours sur la modernité ne cesse d’associer l’émancipation des femmes à la glorification du « prestigieux passé antique » du pays : on insiste sur « la pluralité des sources de la personnalité tunisienne et sa diversité culturelle qui en constituerait dans la nouvelle vulgate une de ses principales richesses ». Ainsi apparaissent clairement les enjeux politiques d’une certaine construction de l’histoire nationale qui se propose comme référence identitaire face à la conception d’un passé exclusivement arabo-islamique. L’histoire récente donne de la Tunisie une image originale, celle d’un pays du Maghreb qui aurait réussi la synthèse des différentes composantes de son histoire politique et culturelle. L’article que Noureddine Sraïeb consacre à Tahar Haddad qui fut, dans les années 30, à la fois syndicaliste, féministe et réformiste, suggère de mettre cette spécificité tunisienne en rapport avec un mouvement nationaliste ouvert à la modernité et avec l’engagement très tôt commencé de militants comme Tahar Haddad. Si ses publications sur le statut et le rôle à donner aux femmes de son pays lui valurent en son temps l’opprobre des autorités universitaires et la misère, quasiment toutes ses suggestions furent reprises en 1956 dans le « Code du statut personnel » qui détermine les devoirs et les droits des Tunisiennes : il fut, dit l’auteur, « le précurseur de la nouvelle génération politique des années trente dont firent partie Bourguiba et ses compagnons ». Ce n’est, au reste, pas un des moindres paradoxes de la Tunisie actuelle que « son féminisme institutionnel ». Sophie Bessis en fait l’historique, en démonte les mécanismes et met en évidence sa fonction idéologique. Elle explique que lié à la rupture du régime avec les Islamistes en 1991, le nouveau discours sur la modernité ne cesse d’associer l’émancipation des femmes à la glorification du « prestigieux passé antique » du pays : on insiste sur « la pluralité des sources de la personnalité tunisienne et sa diversité culturelle qui en constituerait dans la nouvelle vulgate une de ses principales richesses ». Ainsi apparaissent clairement les enjeux politiques d’une certaine construction de l’histoire nationale qui se propose comme référence identitaire face à la conception d’un passé exclusivement arabo-islamique.
L’histoire récente donne de la Tunisie une image originale, celle d’un pays du Maghreb qui aurait réussi la synthèse des différentes composantes de son histoire politique et culturelle. L’article que Noureddine Sraïeb consacre à Tahar Haddad qui fut, dans les années 30, à la fois syndicaliste, féministe et réformiste, suggère de mettre cette spécificité tunisienne en rapport avec un mouvement nationaliste ouvert à la modernité et avec l’engagement très tôt commencé de militants comme Tahar Haddad. Si ses publications sur le statut et le rôle à donner aux femmes de son pays lui valurent en son temps l’opprobre des autorités universitaires et la misère, quasiment toutes ses suggestions furent reprises en 1956 dans le « Code du statut personnel » qui détermine les devoirs et les droits des Tunisiennes : il fut, dit l’auteur, « le précurseur de la nouvelle génération politique des années trente dont firent partie Bourguiba et ses compagnons ». Ce n’est, au reste, pas un des moindres paradoxes de la Tunisie actuelle que « son féminisme institutionnel ». Sophie Bessis en fait l’historique, en démonte les mécanismes et met en évidence sa fonction idéologique. Elle explique que lié à la rupture du régime avec les Islamistes en 1991, le nouveau discours sur la modernité ne cesse d’associer l’émancipation des femmes à la glorification du « prestigieux passé antique » du pays : on insiste sur « la pluralité des sources de la personnalité tunisienne et sa diversité culturelle qui en constituerait dans la nouvelle vulgate une de ses principales richesses ». Ainsi apparaissent clairement les enjeux politiques d’une certaine construction de l’histoire nationale qui se propose comme référence identitaire face à la conception d’un passé exclusivement arabo-islamique.

Table des matières

Leïla Ladjimi Sebaï Saintes matrones ou dangereuses dévergondées : deux images des femmes du Maghreb à l’époque romaine
Jocelyne DAKHLIA Entrées dérobées : l’historiographie du haremIsabelle GRANGAUD Le qâdhî, la femme et son prétendant (Constantine, XVIIIe siècle) 
Assia Benadada Les femmes dans le mouvement nationaliste marocain 
Noureddine Sraieb Islam, réformisme et condition féminine en Tunisie : Tahar Haddad (1898-1935) 
Sophie BESSIS Le féminisme institutionnel en Tunisie 

La création littéraire
Tassadit YACINE Femmes et espace poétique dans le monde berbère 
Zineb LAOUEDJ Poétesses d’expression arabe 
Soumya Ammar Khodja Écritures d’urgence de femmes algériennes 

Regards complémentaires
Simon KATZENELLENBOGEN Femmes et racisme dans les colonies européennes [
Leila Messaoudi Images et représentations de la femme dans les contes marocains du Nord-Ouest Actualité de la recherche sur les femmes
Zoubida HADDAD En Algérie 
Amina Benmansour Au Maroc 
Dalenda LARGUECHE En Tunisie 
Mildred MORTIMER Aux Etats-Unis 

Témoignages

Djamila AMRANE Femmes dans la guerre d’Algérie. Entretien avec Fatma Baïchi 
Djamila AMRANE Fatima Hakem. Notice biographique suivie d'un poème

Document
Malha BENBRAHIM Malha Benbrahim, Documents sur Fadhma N’Soumeur (1830-1861)

Titre

Femmes du Maghreb

Titre Alternatif

in Revue "Clio", Femmes, Genre, Histoire

Éditeur

Revue "Clio"

Date

1999 / 9
Online since 23 September 2019

Langue

Format

327 pages
PDF

Identifiant

https://doi.org/10.4000/clio.705

Source

Lire sur journals.openedition.org (consulté le 5 juillet 2023)

Droits

Non libre de droits