Description

"Ça avait été comme de se livrer au sommeil. Et dans le sommeil se souvenir de tout… Il se souvint de l’époque où les récoltes ressemblaient à des océans, des mers infinies flottant contre le soleil à pic. Il se souvint des géants recourbés, transpercés par des rayons ardents, qui traçaient des sillons entres les épis à la force des faucilles. Il se souvint des écailles changeantes des poissons quel que fût le ruisseau, ou le lac ou le fleuve où il les avait pêchés, et la roche, ou le sable, ou le manteau d’herbe sur lesquels il les avait flanqués pour qu’ils agonisent à l’air. Puis il se souvint du congé, à l’hôpital oncologique, des yeux humides de sa mère qui l’avait accompagné jusqu’à la fin craignant qu’il eût plus peur de la mort qu’elle ne la craignait elle-même… Il se souvint de tout minutieusement, même des secondes, des minutes, de l’aphasie qui précédait les pleurs, comme une toux, retenue. Et la dissolution incrédule de toute certitude, pareille aux tortillements d’un rat pris au piège […]"

"Il avait cessé de pleuvoir. Les rues étaient des dos d’anguille, le ciel au-dessus de Nuoro une éponge ruisselante. Des arbres, des collines autour, émanait un souffle oppressant. Les pleurs du monde semblaient s’être arrêtés pour un temps indéfini mais, comme un sanglot restant après la crise, du gouffre des temps s’était levé un vent en rafales qui avait agencé les nuages en un anneau violacé, d’où étaient projetés des astres extrêmement lumineux."

Titre

La luce perfetta

Titre Alternatif

La lumière parfaite

Éditeur

Einaudi (Torino)

Seuil (Paris)

Date

2015 (première édition italienne)

Langue

Source

Site de l'éditeur (consulté le 07/05/2020)

Droits

Non libre de droits