Description

"Contrairement à l’Afrique ou encore à l’Amérique et à l’Océanie, la Méditerranée a tardé à s’imposer aux anthropologues comme une aire culturelle justifiant des approches et des institutions particulières : pendant longtemps il n’y a pas eu un champ particulier des "études méditerranéennes", comme c’est le cas pour les études africanistes, ou américanistes, ou encore océanistes. Il est vrai que la discipline anthropologique s’est constituée à partir d’observations et de travaux effectués initialement sur ces sociétés étrangères à l’Occident où s’imposaient d’autant plus les paradigmes anthropologiques qu’elles étaient plus ou moins exclues de l’histoire universelle hégélienne. Si les rives européennes relevaient bien de celle-ci, le statut des rives musulmanes, bien qu’elles soient des lieux de hautes civilisations, perpétuait de ce point de vue une ambiguïté qui se poursuivra avec la colonisation, creusant les écarts entre pays colonisateurs et pays colonisés. La notion anthropologique d’un ensemble méditerranéen n’émergera de fait qu’après la Seconde Guerre mondiale, et accompagne le mouvement rapide de décolonisation qui suit celle-ci. Les anthropologues étendent parallèlement leur champ d’études, remettant en question le "regard éloigné" qui présidait jusqu’alors à leurs observations : les recherches des anthropologues s’intéressent à la même époque à leurs propres sociétés, au monde rural d’abord, puis urbain, industriel, etc."

Titre

La Méditerranée des anthropologues. Permanences historiques et diversité culturelle

Éditeur

Oldenbourg Verlag München (Paris)

Date

2012

Langue

Format

pp. 162-181

Droits

Non libre de droits