Description

Nice et la Riviera offrent à la fin du XVIIIe siècle les ingrédients nécessaires à l’éclosion d’une école de peinture de paysage. La douceur de son climat draine sur la Côte d’Azur de nombreux hivernants, riche clientèle potentielle, venue d’Europe chercher les bienfaits du soleil et de la mer.
Située entre les Alpes et la Méditerranée, Nice se trouve sur le chemin du pèlerinage culturel italien et accueille, à ce titre, de très nombreux artistes. Destination touristique, étape du Grand Tour, le comté de Nice réunit au début du XIXe siècle une communauté de peintres qui trouve là, à portée de main et de palette, sites, lumière et mécénat. Ces paysagistes restent, pour beaucoup, méconnus du grand public. Qui se souvient des Trachel, Roassal ou Fricero ? Seuls quelques noms de rues à Nice évoquent encore leur existence. Leurs œuvres, pourtant, restent jalousement gardées dans les collections locales, privées pour la plupart. Qu’ils soient Niçois de naissance ou d’adoption, ces peintres sont "unis par leur singularité collective" pour reprendre les termes utilisés un siècle plus tard par Restany à propos de la seconde école de Nice. Peut-on d’ailleurs parler d’école ? Car, contrairement à leurs voisins provençaux réunis à Marseille sous la houlette d’un Émile Loubon animateur et professeur, aucune académie ne verra le jour à Nice. La vie artistique n’en sera pas moins riche grâce notamment à l’action des hivernants. Mais alors qu’aucun enseignement, qu’aucune théorie ne guident la production de ces peintres, Nice et la pratique du paysage apparaissent comme leurs dénominateurs communs.
Crayons, pinceaux et carnets de croquis en main, les artistes se perdent dans la vallée du Paillon vers Saint-Ponz, sur les routes menant à Gênes ou à Villefranche-sur-Mer, dans les villages du haut-pays. La pratique de l’aquarelle, héritée de la forte colonie anglaise installée à Nice, leur permet de saisir sur le motif les différentes vues du pays. Ces compositions répondent au goût des amateurs et collectionneurs pour une peinture réaliste et fidèle. Pourtant, écrira Augustin Carlone, "il ne s’agit pas de conduire le spectateur devant le sujet même qui a fourni le tableau, mais bien de retracer une impression faite sur l’âme du peintre dans un moment donné". Chacun à sa manière, Jules Defer, Jacques Guiaud, Mion Raynaud, François Bensa ou Vincent Fossat livrent leurs états d’âme sur ce paysage, ses habitants, leurs mœurs et les traditions locales, contribuant à traduire, à travers leurs œuvres, une identité niçoise. Leur production bien que personnelle trahit l’influence italienne, ses couleurs, sa lumière et son goût du "bien fini". Si, seuls quelques artistes ont fait le voyage, nul n’ignore l’héritage de la grande tradition du paysage de Claude Lorrain ou de Pannini ni les leçons des vedutistes. On retrouve dans cette production, des vues urbaines animées de petites scènes de genre.

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Nice (France)

Titre

La Côte d'Azur et ses peintres

Créateur

Éditeur

Gazette Drouot

Date

2005

Langue

Format

Article de presse

Source

Gazette Drouot (consulté le 30/03/2020)

Droits

Non libre de droits

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