Naples

Parthénope

Cet artiste argentin âgé d'une trentaine d'années réalise souvent des fresques urbaines figuratives d'inspiration classique. Ici, sur la facade d'un immeuble du quartier Materdei, l'artiste représente une allégorie de Parthénope, la sirène qui selon la légende serait à l'origine de la ville de Naples.

Il s'agit d'une œuvre illégale voulue par les habitants de ce quartier qui ont demandé de l'aide à Bosoletti afin d'attirer l'attention sur cette immeuble occupé en raison des problèmes de logement à Naples. En 2015, après avoir fait une collecte, sorte de "mécénat populaire", les habitants ont pu financer la peinture et l'élévateur nécessaires à la réalisation du murales. Cette initiative de l'association “Materdei. Per R_esistere ci vuole pure la bellezza’’, vise à revendiquer de meilleures conditions de vie pour les habitants contre la dégradation et le gaspillage de bâtiments publics laissés à l'abandon, et ce à travers la promotion de la beauté et de l'art.

Du haut de ses 15 mètres, la fresque représente de profil une sirène enveloppée dans une sorte de plumage. Au sujet de cette sirène, l'écrivaine napolitaine Matilde Serao écrivait dans Leggende napoletane : " Parthenope non ha tomba, Parthenope non è morta [...]. È lei che rende la nostra città ebbra di luce e folle di colori: è lei che fa brillare le stelle nelle notti serene; è lei che rende irresistibile il profumo dell’arancio; è lei che fa fosforeggiare il mare. Quando nelle giornate d’aprile un’aura calda c’inonda di benessere è il suo alito soave [...]. Parthenope è immortale, è l’amore. Napoli è la città dell’amore".

Voir le site de Bosoletti.

Francisco BOSOLETTI, Parthénope, Salita San Raffaele, 20, Naples, 2015

La Madonna con la pistola

La Vierge au pistolet est une œuvre de Banksy, réalisée en 2004 en plein cœur historique de Naples, sur une façade de la place dei Gerolomini. Cette iconographie classique de la Vierge présente un objet curieux, qui n’est habituellement pas associé à l’image pieuse de l’Immaculée, un pistolet remplaçant l'habituelle auréole de la Sainte. Il symbolise la violence qui gangrène cette ville duelle, à la fois lumineuse, religieuse et noire et profane.

La technique du stencil (pochoir), a été utilisée pour réaliser cette Vierge blanche, conforme aux couleurs de l’iconographie classique si ce n’est qu’elle est placée sur un fond noir la mettant certe en valeur mais lui associant aussi une couleur connotée négativement qui rejoint l’idée de violence suggérée par le pistolet.

Cette œuvre urbaine présente la particularité d'avoir été protégée d’une vitre en plexiglass et encadrée par la pizzeria Dal presidente qui s’est en quelque sorte appropriée la légitimité de l’œuvre en y apposant une plaque sur laquelle figure son nom. Cette protection, ainsi que cet encadrement s’opposent à l’essence du Street art caractérisé par le choix d’un support urbain différent des habituels supports de la peinture traditionnelle (toile, tableau…) et par son caractère éphémère. L’autre originalité de La Vierge au pistolet est qu’elle dispose d’une copie absolument identique, tant au niveau des couleurs, de sa réalisation que de ses dimensions, qui se trouve à moins de cinq mètres de l’originale, devant l’entrée d’un immeuble.

Voir le site de Banksy.

BANSKY, La Madonna con la pistola, Piazza Gerolomini, Naples, 2004.

Copie de BANSKY, La Madonna con la pistola, Piazza Gerolomini, Naples, 2004.

Située rue San Giovanni Maggiore Pignatelli, en plein coeur du centre historique de Naples, Santa Fede Liberata, naît d'une expérience d'autogestion la nuit du 13 décembre 2014, grâce à un groupe d'associations et d'habitants qui ont réouvert l'ancien Oratoire de Santa Maria della Fede après des années d'abandon.

Leurs objectifs étaient de "redonner vie à cet édifice, afin d'en faire un lieu de rencontre des habitants du centre historique  pour des activités collectives et solidaires" ("ridare vita a questo palazzo, affinché sia un punto di incontro degli abitanti del centro storico per attività collettiva e solidale"). Il s'agit donc de faire des biens abandonnés des ressources collectives  solidaires en maximisant et en valorisant l'espace urbain.

A travers cette expérience de communauté, les habitants se  réapproprient des biens publics et historiques. A l'intérieur, on y organise des fêtes populaires, des rencontres tématiques, des cinéforum, des ateliers street art... Ces sortes de fresques mettent en scène de nombreux symboles napolitains liés à la Méditerranée.

Anonyme, Santa Fede Liberata, Via S. Giovanni Maggiore Pignatelli, 2, Naples.

Il s'agit d'une reproduction de l'une des œuvres de Caravage, intitulée Garçon à la corbeille de fruits, réalisée par C 215 par la technique du stencil, c'est-à-dire du pochoir.

Il est intéressant de voir comment cet artiste français s'approprie une représentation classique italienne avec une technique et un support nouveau.

Le propre de l'art urbain est précisément d'investir les surfaces libres des lieux publics modernes. Le choix de ce mobilier urbain n'est pas anodin, désuet, l'artiste en a fait un support d'œuvre d'art au même titre qu'une toile.

Voir le site de C 215.

[Garçon à la corbeille de fruits d'après Caravage]

C 215, [Garçon à la Corbeille de fruits d'après Caravagge], Vico Pazzariello, Naples, 2010.

L'ange gardien