Description

[Résumé]
Il s’agit dans cet article d’un compte rendu de l’anthologie de poèmes de la Méditerranée parue en mai 2010. Les poèmes de cent un poètes de vingt-quatre pays sont recueillis dans cet ouvrage en langue originale et en version française. A l’occasion de la parution du livre en Turquie, nous avons réalisé un entretien avec Paul de Sinety, directeur du livre à l’Institut français du Ministère des Affaires étrangères et européennes qui a accepté de nous parler de l’enjeu de ce projet, qui est un appel à l’amitié et à la paix dans le bassin méditerranéen.

[Extrait]
"Dans la préface, Yves Bonnefoy définit la Méditerranée de la façon suivante : "Dès le premier regard, c’est vrai, tout le contraire de ce qui caractérise le dernier voyage d’Ulysse, cette mer vide et pour tout rivage cette montagne sombre inimaginablement haute et close. Penser à la Méditerranée, et c’est moins se laisser gagner par l’idée de l’alto mare aperto, du pontus maris dangereux si ce n’est fatal, qu’imaginer ces rivages, qui sont plus que partout ailleurs au monde un long déploiement de biens et une offre d’y acquiescer là même où l’eau proche est ses voies à elle, et son odeur et son bruit,pourraient en détourner la pensée, de par leur autre évidence" (p.9).

"Comme le souligne Bonnefoy, cet espace si vaste, si riche et si difficilement contournable, a témoigné d’une grande diversité de réflexions sur le langage; c’est dans ce décor que sont nés l’écriture (des hiéroglyphes de l’Egypte à l’alphabet des Phéniciens), la pensée conceptuelle, la loi romaine, la religion juive et le Coran. Au centre de toutes ces pratiques demeure le souci de la parole adressée à l’autre, dont la forme la plus ancienne est le poème. Selon Bonnefoy, avant d’être religieux, politique ou philosophique, le langage est "celui de la poésie qui aura été en Méditerranéee la grande expérience fondatrice" ; l’homme a toujours éprouvé le besoin de mettre en relation la réalité et les mots et "ce besoin, c’est la poésie" (p.12).

"Pousuivons les observations de Bonnefoy sur la tradition poétique dans ce vaste "pays" des ports, des rivages et des traversées durant sa longue histoire jalonnée par les civilisations : "La poésie est née tôt, en Méditerranée. Et presqu’aussitôt elle y a parlé haut et fort. C’est elle qui, en Mésopotamie, dans la Geste de Gilgamesh, cherche à donner aux princes et aux guerriers une conscience morale, une expérience métaphysique, elle qui fonde le monde grec, elle qui, à Athènes, chez les Tragiques, entreprend cet échange avec la raison qui doit se poursuivre aujourd’hui encore. Et parlant fort, dans ces sociétés éclairées, elle y a aussi parlé de longs siècles. Sa tâche de vigilance, si bien comprise dans l’Enéide, est confiée par Virgile à Dante, elle sera reprise par la Jérusalem délivrée, par Cervantès, lui aussi un poète, par Léopardi. Et Cavafy, Séféris, l’assumaient encore, et hier même on le constatait un des grands soucis de Mahmoud Darwiche" (p.13).

Titre

Les poètes de la Méditerranée : passeurs de culture et de paix

Date

2011

Langue

Format

pp. 15-19

Droits

Non libre de droits